Rouge Cerise vous propose aujourd’hui un texte suggestif de notre camarade Jean-François Marin, de la section d’Avignon .
Comme on le verra, plus que jamais, il convient d’être vigilant : l’impérialisme états-unien et la politique du « Gros Bâton » n’ont pas fini de sévir !
L’impérialisme américain : une réalité, un danger mortel pour l’humanité.
L’impérialisme est un concept ancien, un objet politique qui semblait périmé, il avait disparu des discours politiques à gauche. Pourtant on peut toujours affirmer aujourd’hui avec Lénine, que l’on redécouvre à l’occasion du 100ième anniversaire de sa mort : « L’impérialisme est le stade suprême du capitalisme ».
Ainsi, l’impérialisme américain est une réalité à la fois passée et actuelle. Il est devenu au fil du temps un danger pour l’humanité toute entière.
L’image des États-Unis diffusée en France, par les médias, les films, la littérature, est très largement positive. Elle provoque même une sorte de fascination chez certains. C’est, nous dit-on, le pays de la démocratie, de la liberté, des prouesses technologiques et scientifiques. C’est notre allié indéfectible qui nous a libérés du joug nazi, qui nous a aidés à nous reconstruire au sortir de la Deuxième Guerre mondiale avec le plan Marshall, qui nous a protégés du communisme durant la Guerre froide. « Si les Ricains n’étaient pas là… », comme le chante Michel Sardou. Une seule interrogation perturbe les esprits américanophiles : comment un si prestigieux pays, un peuple aussi magnifique, baignant dans la démocratie et la connaissance, peut-il choisir Trump, hier déjà et peut-être demain, comment pourrait-il encore élire ce délirant personnage pour diriger le pays ? Mystère, il y a un truc qui ne colle pas !
Alors faisons un peu d’histoire, pas celle produite par les classes dirigeantes, celle de leurs relais médiatiques qui fabriquent des récits, des mythes et des légendes, mais celle des témoins, celle des archives, celle des faits, la seule histoire en vérité.
Les États Unis d’Amérique sont nés en 1783 d’un conflit économique et politique entre les colons britanniques installés en Amérique du nord et l’Empire britannique. Le gouvernement anglais confronté à une situation financière catastrophique, à la suite de la guerre de 7 ans menée contre la France et l’Espagne, avait décidé de faire payer aux colonies des taxes supplémentaires pour renflouer ses caisses. Il avait également interdit aux colons (qui n’étaient pas représentés au parlement britannique) de commercer avec d’autres pays que le Royaume Uni. La guerre d’indépendance fut donc la conséquence de divergences d’intérêts au plan économique entre l’Empire et ses colonies ainsi que de l’aspiration des colons à décider eux-mêmes et localement, à s’affranchir de la tutelle des Anglais. Il ne s’est agi en aucun cas d’une révolution (même si le mot est employé) visant à l’émancipation du peuple, à obtenir la fin de privilèges ou conquérir des droits sociaux nouveaux, comme le fut la Révolution française. La plupart des membres des premiers Congrès (leur Assemblée nationale), à commencer par les 7 pères fondateurs, étaient de riches hommes d’affaires, banquiers, commerçants, grands propriétaires terriens, officiers supérieurs. Ils étaient les représentants locaux de la classe dirigeante. Il fallu attendre presque un siècle, en 1865, et la Guerre de Sécession (déclenchée également pour cause d’intérêts économiques divergents entre le Nord et le Sud) pour que les États-Unis abolissent l’esclavage, et 1868 pour décider du droit de vote des noirs, très vite remplacé dans le Sud par la ségrégation raciale (lois Jim Crow 1877-1964). Georges Washington, premier Président, et ce n’était pas le seul des dirigeants, loin de là, possédait des esclaves. Par comparaison, l’abolition de l’esclavage fut voté en France, par la convention, en 1794 (il fut rétabli par Napoléon en 1802 et aboli définitivement en 1848 à la suite d’une nouvelle révolution).
Avançons dans le temps ! De la fin du XVIIIe siècle à la fin du XIXe, l’extension territoriale des États-Unis, à partir des 13 premiers états de la côte Est, se fit par les armes (à l’exception de l’Alaska, acheté à la Russie tsariste). Guerre avec le Mexique et conquête de l’Ouest jalonnèrent la période. Arrêtons-nous sur la fameuse conquête de l’Ouest, sujet de tant de Westerns qui ont occupé nos écrans ! La réalité fut beaucoup moins glorieuse que celle scénarisée par Hollywood jusque dans les années soixante. Des films plus récents comme par exemple Little Big Man ou Danse avec les loups lui ont apporté un éclairage différent.
Les guerres indiennes ont duré de 1778 à 1890 avec des massacres, des épidémies, des périodes de famine, des déportations. Les populations indiennes d’Amérique du nord, évaluées selon les sources entre 4 et 11 millions d’individus (la fourchette est très large) à la fin du XVe siècle, n’étaient plus que 250 000 individus en 1890. Dans le même temps, le nombre de bisons, ressource vitale pour les indiens, avait chuté de 60 Millions à 1 milliers. Le bison avait presque disparu du territoire américain. Howard Zinn, chercheur universitaire, dans son livre et film Une histoire populaire de l’Amérique relève : « Quatre cents traités ont été conclus avec les Amérindiens, tous ont été violés sans exception. Les historiens s’accordent aujourd’hui à qualifier cette période de conquêtes et de guerres contre les Indiens de véritable génocide.
Passons maintenant au siècle suivant. Avec l’apport de millions de migrants venus d’Europe, les États-Unis sont devenus une puissance économique et industrielle importante mais encore, avant la Première Guerre mondiale, derrière l’Allemagne, la Grande-Bretagne ou la France, ces deux dernières disposant d’un très vaste empire colonial. Le conflit de 14-18, en dévastant l’Europe, avec ses destructions et ses innombrables pertes humaines, va lui permettre de se hisser à leur niveau puis de les dépasser en développant son industrie notamment celle de l’armement. Dans le même temps, vont apparaitre de grandes luttes sociales notamment grâce à l’apport d’une classe ouvrière immigrée, venant d’Europe, plus politisée. Très tôt ce mouvement social syndical et politique sera combattu par tous les moyens y compris illégaux, répressions violentes des manifestations, incarcérations des leaders, infiltration policière et mafieuse, corruption, jusqu’aux exécutions capitales (Sacco et Vanzetti en 1927). Souvenons-nous que cette Amérique-là a aussi existé et qu’elle existe encore. Le 1er Mai célébré par les travailleurs partout dans le monde provient de la répression, le 1er mai 1886, d’une manifestation ouvrière à Chicago et d’une grève pour obtenir la journée de travail de 8h maximum, trois manifestants seront tués par la police.
Durant l’entre-deux guerres, puis pendant et après la Seconde Guerre mondiale vont se créer, à l’initiative des gouvernements et de la classe dirigeante, une multitude d’agences et d’officines, de renseignement, d’influence, de contrôle, de répression, visant à endiguer, voire à détruire, tout ce qui peut remettre en cause le système capitaliste américain, tout ce qui ressemble de près ou de loin à du socialisme, et bien sûr à du communisme, mais aussi plus largement aux combats pour l’égalité, pour la justice sociale. Très vite, ces agences et officines vont développer leurs activités dans les pays étrangers. Citons les plus connues le F.B.I., la C.I.A, la D.E.A. (lutte contre le trafic de drogue), la N.S.A. (celle qui espionne, écoute les conversations téléphoniques, filtre les mails y compris ceux de nos responsables politiques européens comme l’a révélé Edward Snowden). Il en existe aujourd’hui des dizaines avec des centaines de milliers d’employés et de collaborateurs aux États-Unis et dans le monde. Le personnage le plus célèbre qui symbolise ce dispositif est le sinistre J. Edgar Hoover, directeur inamovible du B.O.I. (ancêtre du F.B.I.) puis du F.B.I. de 1924 à 1975, soit 51 ans (un demi-siècle !). Sa politique sécuritaire est une somme incroyable de coups tordus, d’infiltrations, de fichages, d’écoutes téléphoniques, d’opérations de déstabilisation, de campagnes médiatiques pour salir les personnes. Le point culminant de son « règne » est évidemment la période du Maccarthysme avec la mise à mort sociale (ou mort tout court pour les époux Rosenberg passés à la chaise électrique) des accusés. Entre 1950 et 1954, Jugés par des tribunaux, des milliers de personnes, membres du Parti communiste ou simplement progressistes, notamment dans les milieux intellectuels et artistiques, seront condamnés et mis au ban de la société. La délation fut alors considérée comme une preuve de patriotisme. Hoover a ensuite exercé tout son talent pour combattre dans les années 60 le mouvement des noirs pour les droits civiques et la fin de la ségrégation raciale.
Mais revenons sur une période clé de la montée en puissance de l’impérialisme états-unien : la Seconde Guerre mondiale. Bien qu’une bonne partie de l’establishment états-unien ait eu des sympathies pour le régime nazi allemand ou se montrât plutôt favorable à la non-intervention, l’agression, le 7 décembre 1941 à Pearl Harbor du Japon allié de l’Allemagne et la volonté d’entrée en guerre du président Roosevelt et de son gouvernement vont faire basculer le cours de l’histoire.
En 1945, à la fin de la guerre, l’Europe dans sa totalité (sauf la Suisse neutre durant le conflit, les banques n’ont pas d’opinion politique !) est détruite, une nouvelle fois tout est à reconstruire. Deux blocs vont se faire face, l’un en ruine, le camp soviétique, l’autre, le camp dit occidental, avec à sa tête les États-Unis, dont la puissance est décuplée sur le plan économique, industriel et bien sûr militaire, avec la présence de centaines de milliers de soldats lourdement armés sur le sol européen. Ce qu’ils n’ont pas réussi après la Guerre de 14-18 va être possible après 1945, à savoir la mise en œuvre de l’hégémonie états-unienne, économique, militaire, culturelle. Pour les décennies qui suivent, l’impérialisme états-unien va dominer le monde avec plusieurs foyers de résistance ici et là. Dès le début, le rapport de forces est largement déséquilibré à son avantage.
Durant le conflit et immédiatement après la capitulation de l’Allemagne et du Japon les États-Uniens vont imposer leurs règles aux vaincus et aux vainqueurs.
- Sur le plan politique, c’est l’impunité pour la quasi-totalité des élites financières et industrielles ainsi que du personnel politique, judiciaire, militaire, policier qui ont été nazis ou ont collaboré avec les nazis et leur maintien en activité aux postes de responsabilité. On se rend compte que le procès de Nuremberg et la condamnation des plus hauts dignitaires nazis n’a été que l’arbre qui a caché la forêt. Dans le même temps les États-Uniens organisaient avec la complicité du Vatican, via l’Espagne de Franco, l’exfiltration de criminels en Amérique du sud ou au Moyen-Orient, Barbie, Eichmann, Bormann, Mengele pour ne citer que les plus connus. Évidemment, tout ce monde-là ne pouvait être qu’éternellement reconnaissant aux nouveaux maitres du monde. De la même façon, par décision états-unienne, le personnel collaborationniste de Vichy, politique, judiciaire, policier, n’a pas, dans sa quasi totalité, été véritablement inquiété à la libération. De Gaulle, un des rares qui ait su résister aux États-Uniens qui le détestaient, a cependant accepté la règle de l’impunité, y compris pour ceux qui ont livré Jean Moulin aux nazis. Il a fallu attendre le livre (traduit en français) de l’historien états-unien Robert Paxton en 1973, soit près de 30 ans après la Libération, pour que soit révélée, à partir de l’étude des archives françaises et allemandes, la véritable nature du régime de Vichy et son rôle actif dans la traque des résistants et la déportation des juifs. Ainsi des Bousquet et Papon, responsables de crimes contre l’humanité, ou un Robert Schuman (le père fondateur de l’Union Européenne et premier président du parlement européen) membre du premier gouvernement de Pétain, ont pu poursuivre tranquillement leur brillante carrière sans être gênés par leur passé. Il faut lire à ce sujet le livre de l’universitaire Annie Lacroix-Riz qui a pour titre : « La non-épuration en France ». À regarder aussi sur You tube. Édifiant !
- Sur le plan militaire l’installation d’une multitude de bases sur le sol des pays alliés toujours en activité 80 ans plus tard. Là encore une exception notable : La France et le rôle de De Gaulle qui les a fait partir en 1967.
- C’est sur le plan économique que les États-Uniens ont frappé le plus fort :
1° - Les accords de Bretton Woods en juillet 1944, imposés et acceptés sans négociation alors que la guerre n’est pas encore terminée.
Le dollar US devient la monnaie internationale de réserve et d’échange entre pays (Au départ, seulement au départ, garantie par les réserves en or de la banque centrale états-unienne). C’est la référence centrale pour la valeur des autres monnaies. Les États-Unis dès lors vont pouvoir faire fonctionner à fond la planche à billets (en dollars), accuser une dette et des déficits budgétaires abyssaux sans problème et imposer au monde leurs règles dans le domaine du commerce international. Dans la foulée sont créés la Banque mondiale et le F.M.I. instruments de contrainte économique au service du libre-échange version états-unienne. En 2023, le déficit budgétaire américain était de 1695 Milliards de dollars (8% du P.I.B.), il n’était « que » de 175 Milliards de dollars pour la France (4,9 % du P.I.B.). Sa dette cumulée est de 32 900 milliards de dollars, record du monde (3 000 Milliards pour la France). Ramenée à la population, cela fait 100 mille dollars par habitant pour les États-Unis 42 mille dollars pour la France. En France c’est, nous dit-on, une catastrophe, en Amérique, j’exagère à peine, on s’en fout ! Pas d’économie pour le budget militaire, seulement pour le social ! Là les deux pays se ressemblent.
2ème- Les accords commerciaux Blum-Byrnes signés le 26 mai 1945.
Les États-Unis imposent à la France un accord de libre échange avec un effacement de sa dette. Ils pourront exporter sans taxe douanière leurs produits en France. La France, elle, en 1946 n’a pas grand-chose à exporter, elle doit prioritairement reconstruire son appareil productif. Sur le plan culturel, la résistance des milieux du cinéma appuyés par le PCF va sauver durablement la production française sans empêcher l’arrivée en masse des films états-uniens.
3ième – Le plan Maeshall, également accepté sans négociation le 20 septembre 1947.
Il est signé par 16 pays dont la France (2458 millions de dollars reçus par la France jusqu’en 1951). Contrairement à la légende, le plan Marshall n’a jamais été une aide directe et gratuite à la reconstruction du pays, pour la remise en fonctionnement des routes, des ponts ou des usines détruites, mais une offre de crédits dont une partie en prêts avec taux d’intérêt (élevés) et calendrier de remboursement (jusqu’à 30 ans). Ces crédits était fléchés comme on dit aujourd’hui, ils n’étaient accordés que pour acheter des produits états-uniens dont une partie très chère et de mauvaise qualité (le charbon, par exemple, indispensable à la reconstruction) et, cerise sur la gâteau, pour payer les frais de séjour des troupes états-uniennes sur notre sol. Point important, les États-Uniens avaient immédiatement écarté le principe de réparations de guerre. Contrairement à la Première Guerre mondiale et même si l’Allemagne vaincue n’avait payé alors qu’une infime partie de ce qu’elle devait, à l’issue de la Seconde, on ne lui rien demandé pas plus qu’à l’Italie ni à leurs alliés. Leur responsabilité, ô combien écrasante dans ce terrible conflit, a été immédiatement effacée. Autre conséquence, l’Union Soviétique, aux trois quarts détruite, n’a reçu aucune aide pour sa reconstruction, pas plus que les pays de sa nouvelle zone d’influence (Tchécoslovaquie, Pologne, Allemagne de l’Est, etc) On se rend alors compte de l’extraordinaire amplification de la puissance économique américaine produite par le plan Marshall (Lire Le mythe de l’aide américaine d’Annie Lacroix-Riz et sa conférence sur Ypu Tube).
On voit bien que sur le plan économique, dès la fin de la guerre, tout est mis en place pour assurer la domination des États-Unis sur l’Europe et le monde. Cette mainmise, ce contrôle, ces renoncements, peuvent se produire parce que l’Europe est en ruines, les troupes états-uniennes présentes en nombre sur son sol et qu’une grande partie du personnel politique et économique a rallié le tuteur états-unien et s’est mis à son service. Certains, et non des moindres, étaient auparavant de zélés collaborateurs du régime nazi et même des nazis tout court en Allemagne. Ils avaient beaucoup de chose à se faire pardonner.
Venons-en maintenant aux périodes plus récentes et actuelles. Au lendemain de la 2ème Guerre mondiale, l’Europe et le reste du monde basculent dans une nouvelle guerre dite froide, l’affrontement bloc contre bloc. Très rapidement, grâce à son prestige issu de sa victoire contre le nazisme et son soutien actif aux multiples luttes anticoloniales, l’Union soviétique va marquer des points, les États Unis se retrouvent sur la défensive. Son action internationale va alors consister à soutenir les régimes « amis » en place ou à renverser les régimes progressistes issus de révolutions ou même de processus démocratiques. Le nombre d’interventions directes ou indirectes des États-Unis de 1945 à 1989 (chute du mur de Berlin) est impressionnant. Bien entendu, ces interventions n’ont jamais été motivées par la défense des libertés ou de la démocratie. Les États-Unis ont pu soutenir les pires régimes comme l’Afrique du Sud, les Monarchies du Golfe, la Grèce des Colonels ou participer au renversement de régimes démocratiquement élus comme au Chili ou en Argentine pour y installer de sanglantes dictatures. Ils ont subi parfois des défaites cinglantes comme au Vietnam ou à Cuba. Une devinette a beaucoup de succès en Amérique du Sud : Pourquoi n’y a-t-il ni coup d’État ni renversement de régime aux États-Unis ? Réponse : parce qu’il n’y a pas d’ambassade états-unienne aux États-Unis ! C’est un peu moins vrai avec l’assaut du Capitole inspiré par Trump).
J’ai découvert en lisant des documents pour rédiger cet article que, déjà en 1918, 13 000 soldats états-uniens avaient été envoyés en Russie pour combattre, au côté de 13 autres pays (dont la France, le R.U. , le Japon, la Pologne et des armées blanches), la jeune révolution bolchévique.
Après la disparition de l’Union soviétique, l’impérialisme américain a pu « s’exprimer » sans frein, les interventions se sont multipliées contre les dernières poches de résistances et la conquête de l’Est de l’Europe jusqu’à l’Ukraine a pu s’achever. De nouvelles bases militaires ont été installées aux portes de la Russie. Ces nouveaux conflits ont souvent conduit au chaos, notamment au Moyen-Orient ou en Ukraine. Qu’importe pour nos amis !
De nouvelles stratégies de déstabilisation ont été mises au point. En plus des mesures économiques comme les blocus de Cuba, de l’Iran et de la Russie de Poutine, le mensonge et la désinformation, comme pour la guerre en Irak, le soutien financier et logistique de la C.I.A. via des fondations et ONG à but de coopération humanitaire, culturelle ou économique (Rockefeller, Carnegie, Ford, etc.) à des groupes d’opposition aux régimes à abattre, sont apparus. Et l’on a vu fleurir en Europe de l’Est les révolutions de couleur. Une des causes principales de la guerre en Ukraine (sans nier la responsabilité première de Poutine) est la volonté des Etats-Unis de couper l’approvisionnement énergétique de l’Europe et notamment de l’Allemagne avec du gaz russe abondant, disponible et bon marché. L’Allemagne, grande puissance industrielle, concurrente sérieuse des États-Unis, a eu la mauvaise idée d’abandonner le nucléaire, elle est aujourd’hui en récession. Elle achète, très cher, du gaz de schiste liquéfié aux États-Unis.
A ce stade de mon récit, je vous conseille de regarder sur You tube l’intervention au parlement belge de Raoul Hedebouw, responsable du Parti du Travail belge : L’lmpérialisme américain, le plus grand danger pour la paix dans le monde. Magnifique démonstration ! ( A découvrir sur ce lien )
Avec ce rapide résumé de l’histoire de l’impérialisme américain de sa naissance à nos jours, il apparait clairement que les États-Unis sont déterminés à dominer le monde pour servir leurs propres intérêts, ceux de l’oligarchie au pouvoir sans discontinuer depuis 1783. Les États-Unis n’ont pas d’alliés, ils n’ont que des intérêts ! Pour les défendre et assurer leur hégémonie économique, politique, stratégique, ils utilisent tous les gigantesques moyens dont ils disposent. En premier lieu, des règles économiques sur la base du libre échange qui s’imposent aux autres, notamment à l’Europe, mais pas à eux qui pratiquent, lorsque ça les arrange, le protectionnisme, une justice extraterritoriale, l’espionnage industriel à grande échelle. Ils n’hésitent pas à instaurer des sanctions économiques pour les récalcitrants, jusqu’au blocus. En second lieu, son gigantesque arsenal militaire, avec près de 800 bases disséminées aux quatre coins de la planète, un budget colossal de plus de 800 milliards de dollars par an, supérieur à celui additionné des 10 pays suivants, sert à dissuader mais aussi à intervenir. Enfin, des moyens presque illimités, financiers, médiatiques, diplomatiques pour déstabiliser et renverser des régimes « ennemis » sont mis en œuvre. On sait par exemple aujourd’hui que la chute de l’Union soviétique est due en grande partie (des facteurs comme la bureaucratie, la limitation des libertés, la course aux armements, la guerre en Afghanistan ont aussi joué, chacun, un grand rôle) à l’effondrement des cours du pétrole et du gaz, soit 80 % de ses ressources. Cet effondrement, on le sait aujourd’hui, a été le résultat d’un accord entre les pétromonarchies et le gouvernement Reagan pour maintenir une surproduction de pétrole et faire chuter les prix, moyennant de solides compensations financières.
On pourrait continuer ainsi longtemps la liste. Évoquons cependant l’utilisation de la bombe atomique (pour abréger la guerre avec le Japon ou pour livrer un message au monde ?), l’utilisation massive d’armes chimiques au Vietnam (le napalm), l’utilisation de la torture à Guantanamo. Mais aussi le financement et armement de groupes djihadistes au Pakistan (pour lutter contre les Soviétiques en Afghanistan) qui donneront Al QuaÏda, ou encore le rôle plus que trouble de la D.E.A. (Drug Enforcement Administration) dans l’explosion du narcotrafic au Mexique ou encore la persécution ignoble d’Assange qui n’a révélé que la vérité. Et pourtant l’Empire continue à donner des leçons de conduite aux autres pays ! À quand un livre noir (en plusieurs volumes) sur l’impérialisme états-unien ?
Cependant et malgré leur vigilance, une nouvelle donne est apparue ces dernières décennies qui pourrait remettre en cause leur hégémonie, modifier l’ordre mondial et qui donc effraie les dirigeants des Etats-Unis : l’avènement d’une nouvelle puissance en pleine ascension qui devrait leur disputer la première place sur le plan économique. La Chine. Le cauchemar de Washington ! Conséquence, au regard de la politique étrangère des États Unis et des moyens à leur disposition, précédemment mis en œuvre pour imposer leur domination, on peut être très inquiets. Oui, aujourd’hui, plus encore qu’hier, l’impérialisme états-unien est un grave danger pour la paix dans le monde, pour notre planète.
Pour terminer cet article, je reviens sur le sol de ce pays. L’impérialisme y est puissant, effrayant, mais il est aussi, semble t-il, fragile. Il peut aussi, comme d’autres empires avant lui, se disloquer de l’intérieur, miné par ses contradictions. Le pays des tueries de masse, des 2,2 millions de personnes en prison, du nombre de victimes des drogues qui explose, des inégalités qui s’accroissent avec des milliardaires toujours plus riches et puissants au sommet, est un pays qui ne va pas bien. Comme le démontre le philosophe Alain Badiou dans son essai qui a pour titre Trump, ce président, à nouveau candidat avec des chances de l’emporter, n’est pas arrivé là par hasard, par erreur, il est le symptôme le plus visible d’une société sans repères qui se délite. Il est d’autant plus dangereux !
Je voudrais, après ces pages qui dénoncent l’impérialisme américain, ses stratégies, ses exécutants, ses complices, ses soutiens et ceux qui en tirent profit, rendre hommage à l’autre Amérique, à celle qui a lutté, combattu le système souvent au péril de la vie, qui a recherché la vérité au-delà des falsifications et des mensonges, à celle qui continue à lutter aujourd’hui. Aux syndicalistes persécutés, aux militants des droits de l’Homme pourchassés, à ceux qui se battent pour la paix, contre la peine de mort, contre les armes, pour la justice sociale. Honneur à John REED, à Dalton TRUMBO, à Jack LONDON, à Ernest HEMINGWAY, à John STEINBECK, à Martin LUTHER KING, à MALCOM X, à Angéla DAVIS, à James BALDWIN, à Howard ZINN, à Mohamed ALI, à Joan BAEZ, à Oliver STONE, à Noam CHOMSKY, à Michael MOORE, à Bernie SANDERS, à Alexandria OCASIO-CORTEZ et beaucoup d’autres qui nous ont fait et nous font encore espérer en une autre Amérique !
Jean-François MARIN.