Un article du Patriote Résistant
D'anciennes victimes du régime nazi et leurs familles se mobilisent contre un complexe immobilier de luxe qui, au fil du temps, efface les traces de sang des premières victimes des fascistes en Allemagne.
A Hambourg, l’ancien siège de la Gestapo, où on été torturés, tués, déportés, des milliers de victimes, a été vendu à Quantum (groupe immobilier français) pour en faire un complexe de luxe.
Des 1000 m2 promis pour un mémorial, puis 500 m2, pour aboutir à un résiduel de 60 m2, c’est la terrible souffrance de ceux qui se sont élevés courageusement contre le régime nazi que l’on veut effacer.
Depuis le 2 mai des manifestation ont lieu chaque semaine.
Dans un article, rédigé pour Le Patriote Résistant, journal de la FNDIRP , notre camarade Alexandra Rollet rend hommage au courage et à la ténacité des manifestants .
À l'heure où certains politiciens français font assaut de populisme germanophobe, (comme en témoignent les tweets stupides envoyés après l'élimination de de l'équipe d'Allemagne de la coupe du monde football) il est aussi intéressant de noter que d'un côté une droite revancharde pousse ses pions en effaçant les traces des crimes nazis et que de l'autre la population résiste.. En Allemagne comme en France, comme partout ailleurs...
Quelque soit le pays c'est bien le même combat qui se livre! En Allemagne comme en France, comme partout ailleurs les communistes ont choisi leur camp.
R.C.
Le complexe de luxe Stadthöfe à Hambourg a ouvert sa librairie
Comme nous l’avons relaté dans le Patriote Résistant du mois d’avril, le groupe de travail des sociaux-démocrates anciennement incarcérés et persécutés, la VVN-BdA, la communauté de travail des anciens de Neuengamme, les activistes de la mémoire, les familles des victimes et les anciens résistants déportés devait se rassembler le 2 mai 2018 devant le Stadthöfe à Hambourg, pour une grande manifestation internationale.
La librairie-mémorial-café de lecture du très chic Stadthöfe a ouvert ses portes dans l’un des endroits les plus effrayants du passé nazi. Dans le mémorial, espace de 60m2, est hébergée une exposition improvisée de 18m2 présentant 20 portraits de victimes, sans noms, de la barbarie nazie. Bon nombre de familles et camarades de résistants tués ou déportés, sont sortis de ce lieu les larmes dans les yeux, face à ce mémorial honteux. Nous sommes loin des 750 m2 initialement prévus. Les associations de victimes nazies ont annoncé un rassemblement pour le 85ème anniversaire de la mise au pouvoir d’Hitler : « Consommations sur un lieu de commémoration ? Jamais ! ».
Environ 350 personnes ont participé à la manifestation contre le nouveau complexe le 2 mai dernier.
Esther Bejarano, ancienne déportée d'Auschwitz et de Ravensbrück, a expliqué pourquoi elle avait choisi de vivre à Hambourg à son retour d'Israël dans les années 1960, et exprimé son indignation. L'actrice Ruth Marie Kröger a lu le témoinage de Lucie Suhling, relatant ses arrestations et celles de son mari. Le président des ex-prisonniers sociaux-démocrates, Wolfgang Kopitzsch, a décrit les crimes qui furent perpétrés en ce lieu, les déportations de la population Juive et Tsigane, la répression brutale et meurtrière des travailleurs forcés et la répression contre toute sorte de résistants, dont il a donné quelques exemples. L’acteur Michael Weber fit une lecture du témoignage de Werner Stender sur sa première arrestation. Ruth Barriff, fille de Werner Stender, venue de Londres, a parlé de son père et de ses deux frères, qui furent tous trois torturés par la Gestapo. Seul son père a survécu à la barbarie fasciste. Elle a souligné l'importance de la mémoire pour contrer le développement actuel de l’extrême droite, le nationalisme et le racisme.
La Hollandaise Martine Letterie, Vice-Présidente de l'Amicale Internationale KZ Neuengamme, a rappelé la terrible histoire de ce lieu. Elle a encouragé les manifestants à continuer la lutte, donnant l'exemple du mémorial de Neuengamme que nous connaissons aujourd'hui, et qui a pris des décennies d'efforts aux anciens détenus. La Polonaise Magda Wajsen a raconté l'histoire de son grand-père, déporté du travail forcé, et transféré à Neuengamme par la Gestapo, sous prétexte de "sabotage". A la fin de la manifestation, Cornelia Kerth, Présidente de la VVNBdA, s’est exprimée longuement sur la nécessité de montrer clairement ce qu’il advient, lorsqu’un parti d'extrême droite, nationaliste, raciste, antidémocrate, militariste, avec un programme basé sur l'exclusion et la stigmatisation de ceux qui ne correspondent pas à leur vision de l'homme et de la société, arrive au pouvoir.
Actuellement, force est de constater l’influence du débat public, à un certain degré, par un autre parti d’extrême droite, entré dans le parlement. Dans la situation actuelle, il est important de rappeler le courage de ceux qui se sont opposés, qui ont résisté à la terreur, sous la terreur. Leur exemple peut, et doit, servir de modèle aux jeunes. La lutte va continuer. Un local, digne d’un mémorial a été revendiqué dans une partie de l'immeuble en rénovation.
Une ténacité courageuse : chaque vendredi, de 17 à 18 h, des manifestants sont devant le "Stadthaus", montrant les photos des victimes, un micro à la main et des informations à distribuer aux passants. Une soirée informative va être organisée avec des représentants de musées (Münster, Köln, Düsseldorf, München, Berlin), pour présenter leurs institutions, et expliquer pourquoi et comment, ils présentent l’histoire de la terreur fasciste, et de la résistance.
Alexandra Rollet
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