Il y a 78 ans le 3 février, les troupes soviétiques, l'Armée Rouge, remportaient la victoire de Stalingrad qui a changé le cours de la deuxième guerre mondiale.
À l'heure où l'Union Européenne révise l'histoire pour cacher le rôle des communistes dans la victoire sur le nazisme, à l'heure où Macron "oublie", dans le même but, d'inviter la Russie aux cérémonies commémoratives du débarquement ne nous laissons pas priver de notre histoire.
Et de notre histoire, la victoire de Stalingrad en fait partie, c'est pourquoi Rouge Cerise publie ci dessous un article qu'avaient écrit nos camarades de la Drôme à l'occasion du 70éme anniversaire de cette victoire.
RC
Histoire : il y a 78 ans Stalingrad
De la même façon qu’en 2007 Denis Kessler penseur du medef déclarait qu’il fallait "faire table rase" des acquis du Conseil National de la Résistance, le capitalisme et ses laquais n’oublient pas qu’ils ont craint jusqu’aux années 70 "de perdre" face à l’Union Soviétique.
Et bien que l’URSS (CCCP en russe) ait disparue en 1991 la guerre idéologique se poursuit pour faire table rase de l’apport de l’Union Soviétique dans la victoire sur le nazisme (1) et présenter Staline exclusivement en dictateur pathologiquement sanguinaire.
Donc le 19 novembre, date qui a marqué le tournant de la 2ème guerre mondiale n’est jamais évoqué encore moins fêté.
Subsiste seulement une station de métro "Stalingrad" à Paris que personne, à ce jour, n’a osé débaptiser.
Il faut se souvenir que la machine de guerre hitlérienne s’était mise en mouvement le 22 juin 1941 alors qu’un pacte de "non agression" avait été signé entre l’URSS et l’Allemagne.
Quatorze mois plus tard, le 23 août 1942, les bombardiers nazis écrasaient Stalingrad alors que les avants gardes blindées de la "6ème armée" hitlérienne parvenaient à une quinzaine de Km de la ville. Dans les courriers à leurs familles, les soldats allemands, euphoriques, écrivaient être parvenus à 3250 Km de leur frontière.
A cette phase de la guerre l’URSS assumait seule la résistance à l’hitlérisme triomphant de la frontière finlandaise (siège de Leningrad) à la méditerranée avec la Grèce occupée. Un 2ème front à l’ouest était désespérément attendu par l’URSS. Seul un "test" avait eu lieu le 19 août 1942, une brigade canadienne débarquant à Dieppe. Mal coordonnée l’affaire s’était soldée par un échec, les canadiens perdant 907 morts et1306 prisonniers sur les 6000 hommes engagés.
A Stalingrad, les troupes soviétiques, la "62ème armée" commandée par le général Tchouïkov, "s’enterraient" dans les ruines causées par les bombardements, dans les caves, dans des tranchées, dans des ateliers des usines pour l’essentiel détruites mais dont une continuait de produire des chars "T 34".
En face, la 6ème armée nazie commandée par le général Von Paulus était composée de 20 divisions (environ 280 000 hommes). Lui était adjointes 17 unités spécialisées , régiments d’artillerie par ex, une division anti-aérienne, une flotte aérienne, un corps aérien plus les 2èmes et 3èmes armés roumaines, le 2ème armée hongroise, la 8ème armée italienne et un régiment croate. Elle était flanquée au sud par la "4ème armée blindée" du général Hoth.
Durant trois mois dans des conditions apocalyptiques, la 62ème armée résistait, recevant chaque nuit des renforts, parfois un bataillon, parfois une division, traversant la Volga sous le feu de l’artillerie nazie.
Pendant ce temps, les industries démontées dans l’ouest de l’URSS et réinstallées a l’est de l’Oural avaient commencé de produire en masse dans des usines encore sans toit, parfois avec une bâche. Alors que les nazis construisaient 700 chars par mois, les soviétiques en construisaient 2200 par mois dés la fin du printemps 42 avec un record à 2700 et 3000 avions de combat. Ils construisaient aussi, en temps record des voies ferrées parties de l’est vers la Volga.
Et le 19 novembre l’Armée Rouge, considérée comme moribonde par Hitler et la majorité de ses états majors, lançait du nord et du nord ouest quatre armées sur 200 Km des arrières des troupes nazies. Le 20 novembre une 5ème armée s’élançait du sud ouest de Stalingrad pour fermer la plus gigantesque "tenaille" militaire de tous les temps.
Les nazis qui avaient subi un premier revers un an avant, devant Moscou du 5 au 10 décembre 41, ne devaient jamais se remettre de Stalingrad. La "6ème armée" nazie capitulait le 2 février 1943(2) Elle était totalement détruite, laissant mourir de froid plus de 50 000 blessés et 121 000 prisonniers. La tentative de Von Manstein, d’ouvrir une brèche au sud s’était soldée par la défaite d’un "corps blindé" achevant la destruction, aussi, de la 4ème armée hitlérienne
Pour les soviétiques le bilan était terrifiant. Restaient 9200 vivants de la 62ème armée qui avait rassemblé près de
300 000 hommes. Sur l’ensemble du "Front de Stalingrad", de la grande boucle du Don jusqu’à la ville, c’est à dire 65 Km on dénombrait - maintenant que les archives sont disponibles- un million 135 000 morts majoritairement civils (485 751 militaires), victimes des bombardements, de faim et surtout du froid après que les nazis et leurs alliés les ait chassés de leurs habitations dés l’arrivée de l’hiver en octobre.
Pour mémoire, l’échec de la seule grande offensive nazie qui a suivi Stalingrad, la "bataille de Koursk", 5/13 juillet 43, sonna le glas définitif des ambitions hitlériennes.
C’est pourquoi un an plus tard, les débarquements de Normandie (6 juin 1944) et de Provence (15 août) purent réussir dans les conditions qu’on connait. Les rares unités aériennes nazies encore en France stationnaient dans le Pas de Calais et la quasi totalité des forces blindées se trouvaient sur le front russe.
Cette évocation de Stalingrad permet de pointer des conséquences actuelles. Ainsi la 2ème armée hongroise participait dans l’allégresse à l’œuvre hitlérienne. Et les dirigeants politiques hongrois actuels, dans un pays qui n’a pas été dénazifié, sont dignes de leurs prédécesseurs : ils ont réhabilité le "Régent Horty" dictateur pro-nazi. Je rappelle que ce personnage à collaboré au génocide de 437 000 juifs hongrois (3) , les derniers à être exterminés, dans la hâte précédant la défaite. Il fallait aller vite, c’est pour eux que la voie ferrée, que l’on voit sur la photo de Auschwitz conduisant au panneau d’entrée "ARBEIT MACHT FREI" a été construite en mai 1944 (3)
1) Les alliés occidentaux ont détruit 176 divisions hitlériennes, l’armée rouge plus de 500. Les soviétiques ont eu 27 millions de morts.
2) Le 30 janvier 1943, sur Radio Berlin, Goering prononçait l’éloge funèbre de la 6ème armée, la veille du 10ème anniversaire de la prise du pouvoir par Hitler, annonçant que tous les combattants avaient été tués. Les jours suivants, les radios internationales qu’un certain nombre d’allemands écoutaient annonçaient que Paulus devenu maréchal, 21 généraux et 93000 soldats avaient capitulé.
3) Annette Wieviorka, "Auschwitz, 60 ans après" (Robert Laffont)
NB Sur Stalingrad on doit pouvoir trouver dans des bibliothèques un livre du général Tchouïkov écrit vers 1963.
Existe aussi l’ouvrage "Vie et destin" de Vassili Grossman
Le "Stalingrad" de l’historien britannique Antony Beevor écrit après l’ouverture de archives soviétiques, publié en
avril 2000 doit toujours être disponible en librairie
Jean-Pierre BASSET
mercredi 21 novembre 2012
par PCF Drôme