D'après le blog de Daniel Bleitrach histoire et société
Churchill a dit que le capitalisme (il l’a déguisé avec le mot démocratie) était la pire forme de gouvernement, à l’exception de toutes les autres. Einsenhower, militaire peu connu pour la profondeur de ses idées, aimait à le répéter. Ce paradoxe pourrait paraître plein d’esprit s'il était vrai mais ce n’est pas le cas.
Aujourd’hui, le pire système est le capitalisme, avant tout les autres, pour l’humanité et même pour la planète.
Cette pandémie rend cette réalité plus visible pour tous.
(...) Alors que les gens meurent dans la rue aux États-Unis, les gouverneurs se disputent les uns avec les autres pour que les fabricants d’instruments médicaux leur vendent à eux au détriment des autres. Selon le Gouverneur de New York Andrew Cuomo, les sociétés d’équipement de ventilation pulmonaire appellent ses bureaux pour dire que leur commande a été annulée au profit d' un autre État qui proposait plus. La morts d’êtres humains devient prétexte pour des entreprises à augmenter leurs profits.
Au moment où on en a le plus besoin, le prix des respirateurs est passé de 25 000$ à 40 000$. L’État, l’hôpital ou l’institution qui n’a pas suffisamment de moyens pour en acheter à ce prix là n'en aura tout simplement pas. Même si cela coûte des vies.
L' affirmation, à priori sympathique: "là où certains voient des problèmes, d’autres voient des opportunités", peut être aussi bien moins sympathique. Le Gouverneur Cuomo menace de signer une ordonnance autorisant la confiscation des équipements médicaux non utilisés et stockés à des fins spéculatives. Il y a des personnes et des entreprises qui gardent le matériel de ventilation inutilisé, espérant que la progression de la pandémie en augmentera le prix quand ils seront achetés par les hôpitaux.
L’État fédéral n’est pas en mesure d’imposer une politique nationale de distribution de matériel et de fournitures médicales. Morts de cette carence, les victimes ne pourront plus le remercier. Cette façon de se "sauver" les gens est typique du capitalisme, il apparaît aujourd'hui dans toute son horreur. Rien de nouveau dans ces pratiques de prédateurs qu'on cache d'habitude derrière un «c’est normal».
Ce n’est pas tout. Les gouvernements européens confisquent les expéditions d’équipements médicaux en transit vers d’autres pays européens. La France a confisqué 130 000 masques en transit vers le Royaume-Uni. L’Allemagne affirme que le gouvernement américain a confisqué 200 000 masques qu’il avait déjà achetés à un fabricant en Chine, appartenant à une société américaine. L’envoi a été intercepté à Bangkok dans un acte que le ministre allemand de l’Intérieur Andreas Geisel a qualifié de “piraterie moderne”.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau s’est plaint, quant à lui, qu’une cargaison de masques a été réduite parce qu’une partie avait été rachetée par les États-Unis. En Turquie, le petit commerce autour des” nasabucco” est devenue si rentable que le gouvernement a confisqué près d’un million de produits vendus clandestinement dans une entreprise, qui devrait déjà avoir dépassé plusieurs millions de bénéfices.
Les États-Unis ne contribuent pas à la lutte mondiale contre la pandémie. En réalité ils sont incapable de le faire efficacement, même dans leur propre pays. " Rendre l’Amérique encore plus puissante", nous savons ce que cela signifie: c'est au détriment du reste de l’humanité.
(...) Frantz Fanon a dit que le fascisme était le nom donné au colonialisme lors de son introduction dans la métropole.
En dehors des pays riches, de ce "premier monde", de cette métropole, on vit l'horreur dans des pays, qu'un langage trompeur appelle "périphériques", l'Equateur par exemple.
Et que dire de ceux qu'on ne mentionne même plus?
Il faut rappeler, alors que la métropole des pays riches découvre la peur , que le Tiers-Monde n’est pas pas à l’abri des pandémies. Rien qu’en Afrique, 30 millions de personnes vivent dans des conditions de malnutrition mettant leur vie en danger, ce qui n'est pas sans conséquences sur leur développement physique et mental.
La faim est directement responsable de la mort la moitié des 5,9 millions d’enfants qui décèdent chaque année dans le monde. Oxfam, explique très bien cette réalité «la faim n’est pas le résultat de beaucoup de gens et de peu de nourriture. Elle a à voir avec le pouvoir. Ses racines résident dans l’inégalité actuelle d’accès aux ressources et aux opportunités ».
À tous ceux qui pensent que "tous les autres systèmes sont pires que le capitalisme", je dis: regardez Cuba, l’île victime d'un blocus et vilipendée, l'île où personne ne meurt de faim, où la sécurité médicale est garantie à tous et où l’être humain est au centre du système. Le problème, c’est le capitalisme.
6 avril 2020