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Le 14 février 1944, 23  résistants du groupe Manouchian sont condamnés à mort par une cour martiale allemande, réunie à Paris à l'hôtel Intercontinental. Francs-Tireurs et Partisans (FTP) de la Main d'œuvre immigrée (MOI) ils sont  étrangers et communistes.

Vingt-deux  seront fusillés par les nazis le 21 février 1944 .  Ils sont restés célèbres car la propagande nazie avait placardée dans toute la France une affiche, sur fond rouge, censée les discréditer.

Sur  cette affiche une femme, Olga Bancic,  la vingt troisième condamnée, n'apparaît pas. Elle sera décapitée à la hache le 10 mai à Stuttgart. 

C'est à cette camarade  que l'article ci-dessous rend hommage.

RC

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Olga Bancic et sa fille Dolorès

 

Le 10 mai 1944, jour de son trente-deuxième anniversaire, Olga Bancic est traînée devant un billot dressé par les nazis sur une place de Stuttgart et le bourreau abat sa hache sur son cou.

Olga Bancic est une juive roumaine née en 1912 . Sixième enfant d’un petit fonctionnaire elle  commence à travailler, comme ouvrière  dans une fabrique de gants, à l’âge de 12 ans. `  Les conditions de travail y étant épouvantables,  la jeune Olga participe en 1924 à sa première grève .

A seize ans et demi, elle se marie avec l'écrivain Solomon A. Jacob, connu sous le nom d' Alexandru Jar (1911-1988) et part à Bucarest, où elle adhère aux Jeunesses communistes.

De 1933 à 1938, membre active du syndicat ouvrier local, elle continue la lutte syndicale malgré les dangers encourus. Militante  des jeunesses communistes de Roumanie elle participe à la création d'un « Front Populaire contre le fascisme » . Plusieurs fois arrêtée, condamnée  et emprisonnée, elle se réfugie en France.

En 1938, Olga poursuit des études à la faculté de lettres  de Paris où elle retrouve son mari, qui combat pendant la guerre d'Espagne dans les Brigades Internationales. Le couple aide les Républicains espagnols en envoyant des armes  au groupe franco-belge "Pauker" de la 35e division des Brigades Internationales.   Elle n'a alors que 26 ans.

Olga est une femme pleine de charme, douce et gentille, d'une rare beauté qui milite au côté de ses camarades communistes parisiens. Quand le gouvernement Daladier signe le honteux pacte de Munich, elle est de ceux qui ne croient pas un seul instant que cette capitulation devant Hitler puisse sauver la paix.

Elle reste communiste après le pacte de non agression germano-soviétique qui la surprend et l'interdiction du PCF en septembre 1939. Cette même année, elle donne naissance à une fille, Dolorès, prénommée ainsi en hommage à Dolores Ibarruri « La Pasionaria » 

Après l’invasion de la France, Olga Bancic confie sa fille à une famille française et s’engage dans l'organisation clandestine Main d'Oeuvre Immigrée (MOI) des étrangers communistes. Leur groupe FTP-MOI s'engage dans la lutte armée. 

Elle participe à une centaine d'attaques contre l'armée allemande menés par le groupe Manouchian. Sous le pseudonyme de « Pierrette », elle est chargée de l’assemblage des bombes et des explosifs, de leur transport et de l'acheminement des armes avant et après les opérations. Arsène Tchakarian indique: « Anna Richter et Olga Bancic devaient, à l'heure dite, apporter les grenades et les revolvers puis devaient les récupérer après l'action ce qui les exposait terriblement après l'attentat, le quartier étant bouclé par les forces de sécurité allemandes…. »

A partir de l'automne 1943, le groupe Manouchian est repéré et pris en filature par les RG.  Elle est arrêtée à Paris, le 6 novembre 1943,  par les policiers français des Brigades Spéciales.  Soixante-huit membres des FTP MOI sont interpellés et vingt-trois d’entre eux sont emprisonnés à Fresnes en attendant d'être jugés.

Ces 23 prisonniers sont condamnés à mort par une cour martiale allemande, réunie à Paris à l'hôtel Intercontinental .

22 Sont fusillés le 21 février au fort du Mont Valérien.

Olga, qui a été atrocement torturée au nerf de bœuf par la police française,  est transférée en Allemagne le 19 février 1944. Incarcérée à Karlsruhe, puis transférée le 3 mai à Stuttgart, elle est décapitée à la hache le 10 mai 1944.

Malgré les tortures ignobles de ses geôliers, elle n’a pas donné le moindre renseignement pouvant leur servir. Durant le laps de temps qui s’est écoulé entre la date de sa condamnation et son exécution en Allemagne elle fut de nouveau torturée, sans jamais céder.

Vingt-deux, plus Olga Bancic, qui périra 2 mois et demi plus tard. "Vingt-trois étrangers et nos frères pourtant", dira Louis Aragon dans son poème L'Affiche Rouge, magnifiquement interprété par Léo Ferré.

Pendant son transfert à la prison de Stuttgart pour y être exécutée Olga Bancic jeta à travers une fenêtre une dernière lettre,  adressée à sa fille.  La note jointe, adressée à la Croix-Rouge, précisait : « Chère Madame. Je vous prie de bien vouloir remettre cette lettre à ma petite fille Dolorès Jacob après la guerre. C’est le dernier désir d’une mère qui va vivre encore 12 heures. Merci. »

 

La lettre adressée par Olga Bancic à sa fille Dolorès :

 

Son mari, Alexandre Jar, a échappé aux arrestations de novembre 1943. Après la Libération il est retourné avec sa fille  en Roumanie, devenue socialiste.

Olga Bancic est devenue le symbole des femmes et jeunes filles étrangères engagées dans la Résistance en France. En 1995, la Ville de Paris lui a rendu hommage en apposant une plaque à sa mémoire sur un des murs du carré des fusillés du cimetière d’Ivry, juste derrière les tombes de ses camarades de combat, Missak Manouchian et Marcel Rayman (....)

 

Source: Le chiffon rouge (Blog des communistes de Morlais)

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Pour en sa voir plus: un peu d'histoire 

En 1939, il y a un peu plus de deux millions d'étrangers en France venus combler le déficit de main-d'oeuvre créé par la mort de plusieurs millions de jeunes hommes lors de la Première Guerre mondiale. L'État et le patronat avaient alors mis en place des structures spécialisées pour attirer ces étrangers en France.

À cette immigration économique s'ajoute dans les années 30 une émigration politique qui s'amplifie avec la montée des périls internationaux. Allemands, Autrichiens, Tchécoslovaques, Italiens et Espagnols quittent ainsi leurs pays pour fuir le fascisme et la répression politique dont ils sont victimes. 500 000 Espagnols franchissent la frontière pyrénéenne. Ils sont accueillis dans des camps d'hébergement où les conditions de vie sont précaires.

Lorsqu'en septembre 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne nazie, un grand nombre d'étrangers veulent s'engager au service de l'armée française.

D'autres, victimes d'une politique de répression, sont internés dans des camps. Nombreux sont ceux qui rejoignent les rangs de la France libre ou les maquis de la Résistance où ils vont tenir une place très importante.

 

Voir le document exceptionnel sur le groupe Manouchian de la ville d’Ivry-sur-Seine

 

Source: syndicat CGT des retraités de Chaumont

Tag(s) : #SE FORMER - COMPRENDRE
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