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Rouge Cerise est particulièrement heureux d’offrir en guise de vœux à ses lectrices et lecteurs fidèles un texte de notre ami (et camarade) José Fort, qu’ont publié les Éditions Helvétius.

Que José et l’équipe d’Helvétius trouvent ici tous nos remerciements.

On ne présente plus José Fort dont on a retrouvé souvent la signature sur notre site au bas d’articles concernant l’Amérique latine ou Cuba.

Nous sommes sûr-e-s que cette Opération Boléro-Paprika, qui repose sur des faits historiques authentiques, sera pour beaucoup une révélation !

Rouge Cerise attire l’attention sur la nécessité de défendre et faire vivre les petits éditeurs qui, malgré des contraintes financières effroyables, tentent de publier des ouvrages qui ne sont pas dans l’air du temps. Helvétius, qui édite à présent une édition papier des Lettres Françaises, en fait partie. On peut consulter leur catalogue en tapant simplement Éditions Helvétius sur Internet et y passer des commandes. Et, pourquoi pas ?, la version papier d’Opération Boléro-Paprika (3€50).

R.C.

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Paris, bureau du ministre de l'Intérieur,6 septembre 1950, 18 h 30. Henri Queuille (1) vient de faire le point avec ses services. Tout est prêt. Il attend le coup de fil de la présidence du Conseil. Le feu vert de la plus haute autorité est nécessaire pour déclencher l'opération de police du lendemain à l'aube. Depuis sa fenêtre, l'ancien président du Conseil général de Corrèze, rompu aux coups tordus des différents pouvoirs qu'il a servis, s'accorde un moment de répit. Son regard balaye le jardin. Il se promet de faire des remarques au chef jardinier bien moins compétent que celui dont il disposait à Tulle.  Le téléphone sonne. Le bouton rouge indique qu'il s'agit de la ligne directe du Président du conseil, René Pleven (2).

« Queuille, mon directeur de cabinet vient de m'informer. Tout est donc prêt pour en finir avec ces cocos?

- Le dispositif est en place, Monsieur le Président. L'opération peut démarrer à 5 heures.

- Vous avez bien toutes les assurances?

- Absolument.

- Queuille, rappelez-moi votre phrase célèbre sur la politique.

- La politique ne consiste pas à faire taire les problèmes, mais à faire taire ceux qui les posent, cher Président.

- Ah, oui, c'est cela. Elle est très bonne. Bien. De mon côté, je fais prévenir les Américains, les Anglais et Madrid. Allez-y, Queuille. Vite, sans trop de bruit. Bref, comme d'habitude. Bonne soirée... Ah, j'oubliais. Pourquoi ce nom de code ridicule Boléro-Paprika?

- Une plaisanterie de nos services. Boléro pour les Espagnols, Paprika pour les Européens de l'Est. Nous avons des artistes au ministère », ironise Queuille.

- Inutile d'informer d'autres membres du gouvernement comme Mitterrand (3). Ils sont trop bavards», conclut le Président du Conseil.

 

Toulouse, 6 septembre 1950,20 heures. Jean Boulet(4) nouvellement élu secrétaire fédéral du PCF, range son bureau et se prépare à rentrer chez lui. Claude, sa secrétaire, une ancienne de la maison, sonne son patron. «Il y a ici devant moi un policier qui souhaite te rencontrer.»  « Je n'ai pas de copain flic »,  lui rétorque cet ancien métallo qui en connaît un rayon en matière de répression policière.

« Et si tu faisais un effort, s'énerve Claude. Ce gars est un ami. Reçois-le. Je te l'envoie.»
Le policier, ancien résistant, annonce qu'une opération d'envergure se prépare contre les communistes espagnols et des ressortissants d'Europe de l'Est sur l'ensemble du territoire. À Toulouse particulièrement. CRS, flics en tenue et en civil commencent à se rassembler dans la cour du commissariat central. Début de la chasse à l'homme: 5 heures.

Le policier refuse le verre proposé. Il doit vite reprendre son service et ne pas faire remarquer son absence même si son chef a un cerveau fonctionnant comme un vieux moteur: plusieurs coups de manivelle, parfois ça tarde à redémarrer, parfois ça démarre plus vite que prévu. Faut rester prudent.


Jean Boulet ne sait pas que la veille, à la fête de l'Humanité dans la région parisienne, Jacques Duclos(5), membre éminent de la direction du PCF a demandé à rencontrer d'urgence les responsables communistes espagnols.

« Nous recevons des informations indiquant que des opérations policières vont être lancées contre vous. Elles sont peu précises pour l'instant », prévient Jacques Duclos.
La direction du Parti communiste d'Espagne (PCE) prend immédiatement des dispositions d'urgence et tente sans succès d'alerter l'antenne de Toulouse. 

C'est Jean Boulet qui part à la recherche du responsable du PCE pour la région de Toulouse, au pseudo pas très original: Gonzalez. Il remonte la chaîne, se fait aider par un ex-guérillero, consulte des anciens résistants locaux et trouve l'Andalou attablé au milieu d'une famille française. Gonzalez monte à l'étage, prend quelques affaires et lance à Jean: « Je vais prévenir les camarades de la région. Pendant ce temps, peux-tu alerter nos médecins et l'équipe de direction de l'hôpital "Varsovie"?.»

Il faudra à Jean une partie de la nuit pour les localiser. Muni des adresses données par Gonzalez, il sonne aux portes. Elles s'ouvrent difficilement. On s'étonne de voir ce type débarquant au milieu de la nuit. Jean poursuit sa tournée à pied. Place Saint-Etienne, plusieurs coups de sifflets. Des policiers tentent de l'arrêter. Il réussit à s'enfuir par les ruelles du quartier qu'il sillonne depuis son enfance et rentre chez lui. Épuisé. Une heure plus tard, l'opération Boléro-Paprika se déploie sur l'ensemble du territoire.
 

Toulouse 7 septembre, 8 heures. Émile Pelletier(7), le préfet, et sa garde rapprochée planchent sur les premiers résultats de l'opération  visant les communistes espagnols (Boléro) et d'autres de différentes nationalités (Paprika).

Émile Pelletier, haut fonctionnaire, a traversé tous les régimes. Dernier en date: Pétain et Vichy. En 1944, sentant le vent tourner, il s'est affiché résistant.

« Vous avez fait le point? », demande Pelletier à son directeur de cabinet.

« À l'instant, M. le Préfet, on enregistre 288 arrestations, une majorité d'Espagnols. » « Du côté de Madrid, des réactions? », demande le préfet.

« Mon interlocuteur m'a demandé si les chefs rouges Santiago Carrillo et Enrique Lister(7)? faisaient partie du lot.
-Et alors?
-Négatif, M. le Préfet. »

«L'opération de ce jour doit être considéré comme un avertissement solennel aux étrangers vivant en France.» Le communiqué du ministre de l'Intérieur ne laisse aucun doute: la chasse aux communistes étrangers est ouverte. En toile de fond, la guerre de Corée accaparant l'attention des opinions publiques française et mondiale, mais aussi l'alignement de Paris sur les décisions des États-Unis et de la Grande Bretagne visant à maintenir de bonnes relations avec le régime franquiste. Pour Londres, il s'agit de préserver ses intérêts économiques dans le nord de l'Espagne et sa mainmise sur Gibraltar, verrou d'accès à la Méditerranée; pour Washington assurer sa présence militaire stratégique au coeur du sud de l'Europe.


Sauver Varsovie
Jean n'a pas eu le temps de prévenir toutes les équipes médicales et de direction de l'hôpital Varsovie. Les toubibs, tous Espagnols, ont été arrêtés ou ont réussi à prendre la fuite. Dans le vieux château transformé en hôpital installé au coeur du quartier cosmopolite de Saint-Cyprien à Toulouse, des dizaines de patients souvent dans un état grave restent sans soin. Au téléphone, Jacques Duclos dit à Jean: « Il faut tenir à tout prix l'hôpital Varsovie. Nous essayons de trouver une solution pour le personnel médical. Pour le reste, nous te faisons confiance.»


À Paris, l'affaire est rondement menée. Le choix se porte sur Joseph Ducuing (8), professeur de chirurgie à l'Université de Toulouse, jouissant d'un grand prestige en France et à l'étranger. En quelques heures, le mandarin rassemble des équipes de médecins, les infirmiers espagnols ayant curieusement échappé à la rafle. Celui qu'on surnomme l'aristocrate communiste arrive sur place dès la fin de la matinée. L'hôpital peut redémarrer en début d'après-midi.

Alors que l'équipe de nuit se met en place, l'ensemble du personnel est réuni dans l'ancien salon du château pour mettre au point l'organisation du travail en fonction des obligations de chacun.

Ils ont répondu dans l'urgence à l'appel du professeur et des dirigeants communistes français sans savoir exactement dans quelle galère ils s'engageaient dans ce vieux château désuet à l'architecture d'un goût douteux.


Le professeur Ducuing s'attend aux questions. « J'ai demandé à l'ami qui se trouve à mes côtés et dont je tairai le nom, dit-il, de vous donner quelques explications. Avant de lui donner la parole, sachez que si nous sommes bien au numéro 15 de la rue Varsovie n'y voyez aucun lien avec la capitale polonaise. L'étymologie de la rue correspond à l'expression occitane verse vin.»
 

L'ami prend la parole:  « Vous savez tous la place prise par les antifascistes espagnols dans la Résistance. Vous savez aussi que la libération de la France pour nous était une étape avant le rétablissement de la démocratie en Espagne. La libération s'est  arrêtée au pied des Pyrénées. Nous avons organisé une opération connue sous le nom de Reconquista de España. Nous avions besoin à l'arrière d'une structure médicale chargée de soigner nos combattants blessés et aussi d'accueillir nos camarades sortis des camps de concentration nazis. Notre combat a échoué mais nous avons décidé de maintenir cet hôpital avec l'aide financière d'une fondation nord-américaine (9) et de plusieurs personnalités. La Guerre froide et le mccarthysme ont entrainé une chute des dons. L'hôpital accueille aujourd'hui les exilés républicains qui ont participé aux combats contre les nazis, les anciens déportés, nos camarades malades dans le besoin. »


L'équipe médicale en place, il faut que Jean trouve un directeur, du personnel administratif, de l'argent. C'est Claude Barbaza (nom de guerre Lassère), un ancien syndicaliste, qui est nommé directeur. Référence: commandant des Francs-tireurs et partisans (FTP), un homme de totale confiance. Alors que l'établissement fonctionne à nouveau, Lassère apprend que le château est mis en vente. Tout avait été prévu, sauf que le château ainsi que les terrains attenants appartiennent à un pharmacien de Blagnac, l'association des anciens FFI espagnols n'étant que de simples locataires. Des pressions en haut lieu ont convaincu le pharmacien de se débarrasser de son bien, un dossier délicat le concernant traînant dans un tiroir préfectoral.

« Lassère, c'est Jean: achète.
- T'es malade. Je n'ai pas un sous dans les caisses et les comptes sont bloqués.
- Je te dis d'acheter. »

Deux jours plus tard, Lassère débarque dans le bureau de Jean. « C'est  fait. Le professeur Ducuing doit signer l'acte de vente la semaine prochaine. Sauf qu'il doit verser deux millions de francs et je n'ai pas le moindre centime. Je fais quoi?»

Jean prend le train de nuit pour Paris. Au siège du PCF, il demande à être reçu par André Marty(10) qui avait assisté à son élection au poste de premier secrétaire lors de la conférence fédérale. Marty le reçoit, l'écoute, sans l'interrompre, sans lui poser une seule question.
« Fais un café et attends moi. Je vais voir Jacques » (Duclos).
Quelques minutes après, Marty revient dans son bureau. « On t'attend à la trésorerie. Bon retour. »


À peine arrivé dans le bureau du trésorier, on lui tend un gros tas de billets, deux millions de francs. « Recompte, dit le trésorier 
- J'ai confiance
- Ce n'est pas une question de confiance, c'est une question de comptabilité. Tu signes ce reçu, je sais que tu vas en faire un bon usage. »


Jean reprend le premier train pour Toulouse. Lassère est aux anges. Le professeur Ducuing est nommé administrateur provisoire. Varsovie est sauvé(11).


8 septembre, 8h, bureau du préfet de la Haute-Garonne. « Maurice, avez-vous terminé la revue de presse, que je l'envoie au ministre avec le bilan de l'opération? 

- Monsieur le préfet, tout est parfait. La Dépêche titre sur ces "étrangers indésirables". Je me suis fait lire la presse espagnole. Visiblement, là-bas ils sont satisfaits. » 

Durant tout l'été, la tension internationale s'était aggravée avec la guerre de Corée qui apparaissait comme le prélude d'une Troisième Guerre mondiale.
 

Le 1er août 1950, les forces républicaines en exil et une grande partie de l'opinion publique mondiale apprirent avec stupeur que les États-Unis accordaient à l'Espagne franquiste un prêt de 100 millions de dollars. Une somme modeste,  mais au symbole politique fort. Par ce geste, les États-Unis fournissaient la preuve de leur détermination à voir le régime franquiste solidement et pour longtemps installé en Espagne.


Au siège du Comité central du PCF, Jacques Duclos est chargé de suivre les événements. Il prépare une note pour les membres du Bureau politique. Il souhaite l'étayer d'extraits de presse.« Georges, retrouve-moi l'éditorial d'André Fontaine dans Le Monde, demande-il à son secrétaire.

 Je te relis le paragraphe qui nous intéresse: « Les opérations de ce genre n'ont de sens que si elles donnent des résultats vraiment importants. Lorsqu'elles se limitent à l'expulsion de quelques comparses, elles servent plus la propagande communiste, habile à dénoncer les brimades policières et les atteintes à la liberté qu'elles ne la gênent. Les démocraties populaires, y voient un bon prétexte à représailles. À première vue, l'action menée hier ne parait justifier ni les cris de triomphe ni les protestations indignées. »

Jacques Duclos prend note et s'apprête à conclure son texte avec des propositions. Deux heures après, il présente son rapport devant ses ​camarades de la direction et conclut: « Face à la situation, nous devons prendre des dispositions pour venir en aide à nos camarades espagnols. Je propose qu'une structure spéciale de travail d'aide au PCE soit créée, indépendante de l'activité générale de notre parti, discrète pour ne pas dire clandestine, sous l'autorité d'un membre de la direction. Elle aura pour tâche d'organiser le soutien logistique et financier à nos camarades espagnols » 

Décision adoptée. Jacques Duclos sera le premier "coordonnateur", (Gaston Plissonnier, le dernier) de cette structure composée de militants communistes aguerris, détachés de toute activité publique, fonctionnant comme dans la clandestinité sous la forme "compartimentée." Un groupe chargé des hébergements, un autre des transports, du matériel de propagande, des financements, des "passeurs", de l'aide médicale...


Cette structure sera mise en sommeil après la mort de Franco et le retour du PCE dans la vie politique espagnole. Des structures identiques seront mises en place pour venir en aide aux communistes portugais et grecs.


Quelque temps après la mort de Franco, la direction du PCE organisa un voyage à travers  l'Espagne pour les militants français de la solidarité. Rien n'était assez beau pour les remercier.


Que sont-ils devenus?
Deux jours après la rafle, trois autocars se présentent à la frontière de la RDA avec à leurs bords des expulsés espagnols. Le premier passe sans problème, le troisième aussi. Étrangement, le deuxième semble poser problème aux autorités militaires soviétiques. Pour le chef de poste, « ils chantent trop fort l'Internationale ». Ça l'inquiète. Un coup de fil de Berlin lui intimera l'ordre de laisser passer.


Les familles seront hébergées à Berlin et à Dresde. Certaines partiront vers Prague. Elles y construiront leur nouvelle vie. Leurs enfants deviendront citoyens est-allemands ou tchécoslovaques, certains occupant des fonctions importantes.


D'autres embarqueront vers la Corse et l'Algérie. La plupart croyaient faire une escale avant un retour rapide dans leur patrie. Il faudra attendre la mort de Franco pour que les enfants des expulsés foulent enfin la terre espagnole. 

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Notes:
 

1. Henri Queuille (1884-1970). Homme politique français, l'un des "inamovibles" des 3ème et 4ème républiques. Médecin, membre du parti radical-socialiste, député d'Ussel (Corrèze) de 1914 à 1935. Refuse d'être candidat en 1936 quand son parti rejoint le Front populaire. Volontaire pendant la Première Guerre mondiale. 20 fois ministre ou secrétaire d'État entre 1920 et 1940. Il ne vote pas les pleins pouvoirs à Pétain en 1940, il s'abstient. ll rejoint le général De Gaulle à Londres en 1943. Après la seconde guerre mondiale, il fait partie de tous les gouvernements de 1948 à 1954 (répression contre les mineurs, guerre d'Indochine...), trois fois Président du conseil, ministre de l'Intérieur en 1951-1952 C'est sous son gouvernement que la France signe le Traité de I' Atlantique nord.


2. René Pléven (1901-1993), partisan avec Jean Monnet, avant la Seconde Guerre mondiale, de la fusion de la France et de la Grande-Bretagne en un seul État combattant. Il rejoint De Gaulle à Londres. Député des Côtes-du-Nord de 1945 à 1969, fondateur en 1946 de I'UDSR qui regroupe démocrates-chrétiens, centristes, avec François Mitterrand. 14 fois ministre de 1944 à 1973. Deux fois Président du conseil. Il tente de faire voter la Communauté européenne de défense, mais il échoue, par contre il réussit à faire voter la Communauté européenne du charbon et de l'Acier qui donnera la Communauté européenne puis l'Union européenne. Comme Garde des Sceaux sous Pompidou, il fait voter la loi anticasseurs.


3. François Mitterrand:12 fois ministre sous la 4ème République, notamment Garde des Sceaux et ministre de I'Intérieur . En septembre 1950, il est ministre de la France d'Outre-Mer.


4. Jean Boulet (1924-2006), rejoint la Résistance en 1942 dans les Forces unies de la jeunesse patriotique, à 18 ans,  est ensuite intégré dans les FTPF. Adhérent à la CGT à la Libération, il a la responsabilité de la jeunesse à l'Ud de Haute-Garonne avec Georges Séguy. Premier secrétaire de la Fédération PCF de Haute-Garonne de 1950 à 1959. Conseiller municipal de Toulouse de 1954 à 1965. Devint directeur administratif de l'hôpital Varsovie de 1966 à 1989.


5. Jacques Duclos (1896-1975), ouvrier pâtissier, un des principaux dirigeants communistes des années 1920 à sa mort. Plusieurs fois emprisonné dans l'entre-deux guerres, notamment pour propagande antimilitariste. Il avait de nombreux liens avec l'Espagne: recherché par la police en France (bien que député), il est mandaté auprès du PCE par I'Internationale communiste en janvier 1930, il revient en France en janvier 1931, après la suspension de peine pour les députés communistes. Il retourne cependant en Espagne après la proclamation de la République en avril 1931 pour conseiller la direction du PCE. Il dirige le PCF clandestin pendant l'occupation, avec, dans le triangle de direction Benoit Frachon et Charles Tillon. En 1950 il assume la direction du Parti, Maurice Thorez étant malade.


6. Émile Pelletier (1898-1975). Pendant l'Occupation il est préfet de la Somme (1940-1942), puis préfet régional (Somme, Oise, Ardennes, Aisne).Mis en disponibilité en 1943, il rejoint le groupe de Résistance OCM (Organisation civile et militaire), avant de passer dans la clandestinité en janvier 1944. Nommé préfet de la Haute-Garonne en 1947. Il sera le premier ministre de l'Intérieur de De Gaulle après le coup de force de 1958.


7Santiago Carrillo (1915-2012), secrétaire général du PCE de 1960 à 1982. Secrétaire des Jeunesses socialistes en 1934. Il est arrêté, pour sa participation à la Révolution asturienne. Libéré après la victoire du Frente popular en 1936, il oeuvre à l'unification des jeunesses communistes et socialistes. Il adhère au PCE le 6 novembre 1936.Il sera le principal dirigeant du PCE en Espagne pendant la clandestinité. Il est l'un des trois dirigeants eurocommunistes des années 70 avec Enrico Berlinguer(PCI) et Georges Marchais  (PCF). Le PCE est légalisé en 1977. Il quitte le PCE en 1985 pour fonder un autre parti communiste (le parti des travailleurs d'Espagne-Unité communiste),mais refuse l'intégration de ce parti dans le Parti socialiste (PSOE)

Enrique Lister (1907-1994). Adhère au PCE en 1925 et anime notamment les luttes de travailleurs agricoles en Galice. L'un des principaux responsables militaires de la lutte
antifasciste. Après un passage à Moscou il devient en 1936 le responsable aux questions militaires du PCE. Après la formation de l'Armée populaire de la République espagnole, il est nommé commandant de la Première brigade. Après la défaite de la République il se réfugie en URSS ou il devient général de l'Armée soviétique. Après la guerre, installé en France il est l'un des responsables de la lutte armée contre le régime franquiste, jusqu'en 1950. En 1973, en désaccord avec la ligne de Carrillo, il fonde le Parti communiste ouvrier, mais rejoint le PCE en 1986.


8. Joseph Ducuing (1885-1963). Médecin, chirurgien, professeur à la Faculté de médecine et chirurgien chef des Hôpitaux, il est nommé en 1929 directeur du Centre régional anticancéreux de Toulouse (Crac). Il est révoqué par Vichy pour appartenance au Parti communiste. Il est rétabli dans l'intégralité de ses fonctions en 1945.


9. Joint Anti-Fascist Refugee Committee(JAFRC) animé par le docteur Edward Barsky (1897-1975), ancien chirurgien des services médicaux des Brigades Internationales qui refuse en 1946 de témoigner devant le Comité des activités non américaines du sénateur McCarthy (et de livrer les registres du JAFRC). Il sera emprisonné cinq mois en 1950 pour "activités non américaines" et privé provisoirement de sa licence médicale en 1956. Ernest Hemingway a dit de lui: « Eddie est un saint. Voilà où l'on met les saints dans ce pays: en prison. »
 

10. André Marty (1886-1956). Mécanicien de la Marine, il sera l'un des principaux dirigeants des Mutins de la Mer noire, qui refusent d'intervenir contre le jeune pouvoir soviétique. Emprisonné, il est condamné en juillet 1919 à vingt ans de travaux forcés. Présenté par le Parti communiste  aux élections municipales il est élu à Paris, bien qu'emprisonné. Après une campagne populaire de grande ampleur pour libérer les "mutins", il est gracié en 1923 et adhère au PCF. Député de Seine-et-Oise en 1924, il est arrêté pour propagande antimilitariste en 1927. ll est élu secrétaire de I'Internationale communiste en 1935 et au bureau politique du PCF. Il est désigné inspecteur général des Brigades internationales en Espagne par l'Internationale communiste. On lui reprochera ses actions contre les trotskystes et les anarchistes. À Moscou au début de la guerre il conserve ses fonctions à l'Internationale jusqu'à la dissolution de celle-ci en 1943. Il rejoint Alger la même année où il représente le PCF auprès du gouvernement provisoire de De Gaulle. Membre du secrétariat du PCF, il est exclu du Parti en 1952. Il publie L'Affaire Marty en 1955 pour donner sa propre vision de son exclusion.


11. ll fallut de nombreux procès, des années de procédure avant d'aboutir à un compromis. L'hôpital sera géré par une association à but non lucratif, L'Association des Amis de la Médecine Sociale, présidée par le professeur Ducuing. Aujourd'hui totalement intégré dans le système national hospitalier l'établissement est reconnu comme performant dans de nombreux domaines comme la maternité, la recherche contre le sida et l'oncologie. Avec un plus: la proximité, car situé au coeur de Toulouse.

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