Discours de clôture de l'Assemblée Nationale Annuelle (ANA)
des Jeunes Communistes de Nordine IDIR (secrétaire du MJCF)
Chers amis, chers camarades,
En prélude de ce discours, je voudrais évoquer une catastrophe qui s’est déroulée ce week-end. Un typhon s’est abattu sur l’archipel des Philippines, faisant des dégâts importants et près de 10000 morts. Nos pensées vont donc au peuple philippin qui souffre actuellement. J’ai coutume de dire qu’une catastrophe naturelle n’a de naturelle que le nom. Bien souvent, les dégâts sont liés à la situation sociale et économique du pays. N’oublions pas, sans oublier la dimension humanitaire et l’urgence d’aider, que ce pays est sous le joug impérialiste américain depuis des décennies et qu’il paie le pillage des richesses, le sous-développement et le manque d’infrastructures aujourd’hui. Je rappelle ici notre douleur et notre compassion envers les Philippins.
Je voudrais en tout premier lieu remercier, en votre nom à tous, tous les camarades de la logistique qui ont contribué à nous faciliter du mieux possible la tenue de notre assemblée nationale. Sans elles et sans eux, nous n’aurions pas pu mener des débats d’aussi bonne qualité.
Je voudrais également adresser un salut particulièrement fraternel à tous les dirigeants nationaux qui quittent leur responsabilité à l’occasion de cette assemblée. Je tiens à saluer les 19 conseillers nationaux qui quittent notre conseil national pour leur contribution et le rôle qu’ils ont joué dans la dynamique de notre Mouvement. Je tiens également à saluer les camarades qui ont quitté leurs responsabilités départementales à l’occasion des assemblées préparatoires à cette ANA, et il y en a beaucoup, signe de la maturité, de la vigueur, de la force de notre mouvement sur tout le territoire !
Enfin, je tiens à saluer chaleureusement trois camarades qui viennent tout juste de quitter leurs responsabilités à la coordination nationale. Je veux parler de Nicolas Bescond, Fabien Gay et Nicolas Strauss. Ils ont depuis plusieurs années brillamment animé notre exécutif national et suivi nombre de vos fédérations avec un succès certain.
Que tous les camarades soient chaleureusement salués pour l’ensemble de leur œuvre. Pour beaucoup d’entre nous, l’aventure continue à nos côtés et je ne doute pas qu’ils transmettront au mieux leur expérience et leur sagesse.
Enfin, je veux vous saluer vous qui avez brillamment porté la voix de ces milliers de jeunes communistes dans nos fédérations, unions de ville, groupes et secteurs. Vous avez su faire la preuve que l’intelligence collective, l’échange, la confrontation d’idées mène à toujours plus d’efficacité pour renforcer notre organisation et montrer notre utilité à tous les jeunes de ce pays. Durant ce week-end, nous avons fait la démonstration que la camaraderie a un sens et que nous savons faire vivre nos principes et nos valeurs.
Mais puisque nous évoquons les camarades qui quittent notre organisation, impossible de ne pas dire un mot d’une personne d’exception qui, depuis notre dernière ANA, a décidé, elle aussi, de partir. Plus que nulle autre, elle nous aura occupés, et pendant près de dix ans. Témoignant toujours de la plus grande attention pour la jeunesse, jamais à court d’idées pour changer la société, vous l’aurez reconnue, je veux bien sûr parler de Laurence Parisot.
Eh oui, l’héritière du baron Ernest-Antoine Sellière, cette espèce de reine pondeuse Alien nous aura quand même offert de beaux œufs putrides à mitrailler, à commencer par le CPE, dès son arrivée.
Ah ! Laurence, sois certaine que la JC ne t’oubliera pas : avec ton incroyable brutalité de classe, ton sens de la formule qu’illustre à jamais la plus pénétrante de tes maximes : « La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? ». C’est puissant, hein ? On dirait pas qu’elle a fait Sciences Po quand même. Ah si, en fait : y a qu’eux pour inventer des trucs comme ça.
Laurence, tu nous auras bien aidés à montrer à tous ceux qui en doutaient que la lutte des classes, c’était pas que dans les formations de la JC. Combien de jeunes en ont pris conscience grâce à toi ! Combien de jeunes nous ont rejoints grâce à toi ! Alors, Laurence, au nom de toute la JC, merci ! Et bon vent, sur RTL et Europe 1 ; au fait, tu peux leur dire que puisqu’ils ont l’air de vouloir d’anciens responsables, Pierric Annoot et Bernard Thibault sont disponibles : ça changerait un peu d’Apathie, Duhamel, Bourdin et toute la clique…
A ce propos, vous le savez, je vois pas mal de journalistes depuis que je suis secrétaire général et c’est incroyable comme ils ont du mal à se faire à l’idée que nous sommes la première organisation politique de jeunesse. Quand je leur dis en plus que nous ne cessons de nous renforcer, ils tombent de leur chaise : c’est pas ce qu’on leur avait dit dans les écoles de journalisme… Et pourtant, nous étions très affaiblis en 2000 ; nous étions déjà 8000 adhérents en 2010, nous sommes aujourd’hui 12 000 ! Et ce n’est pas un phénomène isolé : nous étions présents dans 40 fédérations en 2010, et aujourd’hui nous le sommes dans 80 ! Nous nous sommes fixés un objectif ambitieux pour le congrès mais avec votre courage, votre détermination, vos gestes d’organisation, votre sens de l’écoute et de l’initiative, j’ai confiance : nous y arriverons, nous serons 20 000 en 2017 !
A vrai dire, nous en aurons bien besoin car de l’autre côté de la barricade de la lutte des classes, ils sont puissants, organisés et très offensifs. C’est bien à un axe du capital que nous faisons face.
Son maréchal, vous le connaissez, c’est Pierre Gattaz. Son objectif est clair, il l’a annoncé dès le printemps dans Challenges : réduire de 110 milliards d’euros en cinq ans les dépenses publiques. Pour mémoire, le budget de l’Etat, c’est environ 300 milliards d’euros. École, universités, hôpitaux, centres culturels, police : on peut oublier. Ils sont déterminés à en finir avec les conquêtes sociales en profitant de la crise pour reprendre les milliards qui leur échappent encore dans la Sécurité sociale ou les salaires pour leurs profits car ils veulent construire une autre société : une société de salariés jetables, sans droit, mis en concurrence. Et s’il faut, pour faire passer la pilule, faire pleurer sur quatre pigeons ou donner trois bonnets, les grandes caisses du MEDEF sont toujours ouvertes. Qu’importent les moyens, le MEDEF et ses succursales allongent l’oseille. Ils jouent les agitateurs, osant se poser en victimes d’une machine infernale et jouent les casseurs. Qu’elle est loin l’indulgence dont peuvent faire preuve les médias quand des salariés, des jeunes expriment leur colère. Je rappelle ici notre solidarité pleine et entière avec les 5 de Roanne qui sont victimes d’un acharnement scandaleux !
Ce sont pourtant eux les vrais violents, les actionnaires, les patrons comme l’affirment les sociologues Pinçon-Charlot. Les riches détricotent nos droits, brisent des vies en fermant nos usines, nos maisons de quartiers. Eux qui ne nous donnent que les miettes et nous enjoignent de nous battre pour les avoir. Ils passent leur temps à nous diviser, à créer des barrières artificielles entre nous, à expliquer que nous sommes trop chers alors que c’est nous qui créons la richesse !
Mais Pierre Gattaz et le MEDEF ne sont pas isolés : ils ont de fidèles relais politiques à droite. Par-delà les rivalités personnelles entre fillonnistes et copéistes, la droite demeure unie pour le pire. Lancée dans des états généraux depuis plusieurs semaines, l’UMP promet toujours le pire : démantèlement de l’éducation nationale avec gestion des établissements sur le modèle de l’entreprise, remise en cause du droit du sol, surenchère verbale sur la lutte contre la délinquance, manifs contre le mariage homo. Pour préparer l’alternance et briser le politiquement correct, ils travaillent au retour de l’enfant prodigue, Nicolas Sarkozy et nous annoncent une révolution fiscale (0 impôts pour les puissants), un gouvernement qui légifèrerait par décret pendant 6 mois et donc sans parlement. Autoritarisme et austérité : « toujours plus loin, plus vite et plus fort » comme dirait Geoffroy Roux de Bézieux, le vice-président du MEDEF aux origines si populaires.
Troisième pilier de l’axe : le Front national. Relooké, toiletté, chouchouté, il est partout. Il est présenté comme une alternative alors qu’il est la troisième roue du carrosse capitaliste. Toujours prêt à proposer aux exploités un autre exploité sur lequel taper : ces salauds de chômeurs, véritables Liliane Bettencourt en HLM ; ces salauds de fonctionnaires, parasites en mode Bernard Arnault en cabine de train le dimanche à minuit ; et puis, bien sûr, ces salauds d’étrangers qui, même s’ils ont une carte d’identité française sont bien sûr quand même des étrangers pour peu qu’ils soient plus bronzés que la reine de Suède, et qui sont carrément complètement étrangers s’ils ont le malheur d’être musulmans. Et pendant que les Le Pen amusent la galerie en attisant les rancœurs et en affûtant les couteaux, pendant qu’ils enflamment les yeux du voisin contre le voisin, mamie Liliane dans son île privée et Jean-Marie Le Pen dans son château de Saint-Cloud, sont loin des yeux et près du cœur de biche sur son lit de caviar. La lutte des classes s’éteint quand la lutte des races l’emporte : c’est tout le pari de l’axe du capital en ces temps de crise où notre peuple vit la cruelle inefficacité du capitalisme.
Mais n’oublions pas que si la classe dominante travaille à faire accepter toutes les régressions, tout le monde sait que depuis la crise et les flots de milliards déversés pour les banques, l’argent existe comme jamais il n’a existé dans l’histoire de l’humanité. Tout le monde sait qu’il y a assez d’argent pour faire autrement. En pleine crise, les patrons des 120 plus grosses entreprises françaises ont réussi à augmenter encore leurs revenus, pour atteindre en moyenne 2,8 millions d’euros ! Les 500 plus grandes fortunes ont vu leurs revenus augmenter de 25% en 2012. Et c’est sans compter sur les 30 milliards de fraude aux cotisations de nos chers patrons et les 80 milliards d’évasion fiscale sur tout le continent. Et je ne parle pas de l’échelle européenne : pour la seule fraude, c’est carrément 2 000 milliards d’euros !
Et pendant ce temps-là, au gouvernement, que fait-on ? Quel plan d’action se déploie pour contrer l’offensive de l’axe du capital ? Quelles conquêtes de gauche sont envisagées pour sortir de la crise et faire avancer la justice ? Eh bien, tout se passe comme si à l’Élysée on s’était trompé de film : Bambi au lieu du Cuirassé Potemkine ; Les Schtroumpfs 3D au lieu du Seigneur des anneaux. Barroso marmonne ; Hollande s’agenouille. Gattaz grommelle ; Ayrault est à plat ventre. Le Pen vocifère ; Valls baise sa main et répète la dictée brune. Élu pour faire reculer la finance, Hollande ne tente même pas la ligne Maginot, c’est la capitulation sans condition et sans combat… et c’est nous qui payons l’addition.
Et pendant que les patrons s’engraissent, nous trinquons et pas qu’un peu. La moitié des jeunes ont un emploi précaire ! Notre génération subit de plein fouet les suppressions d’emplois, cette année la machine à broyer des vies du capitalisme a imposé aux travailleurs plus 1000 plans de licenciements !
Pourtant, le gouvernement nous dit que…ça va en s’améliorant. Oui, rassurez-vous, le chômage des jeunes baisse. Oui, c’est peut-être dû aux radiations qui augmentent et à l’inscription de nombreux jeunes dans des dispositifs précaires mais l’important, c’est que les chiffres du chômage baissent, non ? Et puis, le gouvernement a une grande ambition pour la jeunesse : ils nous proposent, accrochez-vous et mesurez combien le Front populaire ou les conquêtes des ministres communistes à la Libération sont dépassées, ils nous proposent les audacieux, une garantie jeune, RSA jeune pour 593 euros par mois : vous le voyez le soleil de l’émancipation… ah non, c’est la tête de l’huissier qui vient saisir le peu que vous avez pu vous offrir avec cet argent. Mais ce n’est pas tout : le gouvernement se propose de faire des étudiants des auto-entrepreneurs : la voilà la solution ! Il propose encore d’expérimenter le service public de l’orientation dans dix départements. Oui, c’est vrai que, dans le même temps, il regroupe et ferme des centres d’information et d’orientation, de fait, toujours plus éloignés des jeunes mais bon…
Hollande avait dit qu’il serait le président des jeunes. De fait, nous sommes devenus la cible privilégiée de toutes les régressions. Quand il s’agit de trouver une excuse pour donner de l’argent à un patron, qui on utilise ? Les jeunes : avec l’ANI, c’est exonération de cotisations patronales pour tous les CDD à destination des moins de 26 ans. Et si vous vouliez être en CDI, vous pouvez toujours vous accrocher, vu que l’exonération ne porte que sur les CDD. C’est ce qu’on appelle une belle prime à la précarité. Quant à la réforme des retraites, présentée officiellement pour les jeunes et assurer notre avenir, l’allongement de la durée de cotisation qui sera effectif à partir de 2020 comme la baisse des pensions pénaliseront les jeunes. Quels emplois disponibles pour nous ? Quelles perspectives de vie ?
Face à ce spectacle proprement désespérant, combien de jeunes croisons-nous qui sont désorientés, dégoûtés, se disant que le mensonge est partout et que, peut-être, il n’y a rien à faire qu’à essayer de s’en sortir tout seul, en écrasant le voisin s’il le faut, avant qu’il ne le fasse. Pas d’issue collective, pas d’issue politique ; la débrouillardise individuelle dans une jungle impitoyable. Demain, c’est loin, trop loin pour beaucoup d’entre nous car la précarité, nous la vivons dans nos rangs également.
C’est pour ça que notre intervention est proprement décisive ; c’est pour ça que notre rôle est historiquement central dans la période. Il s’agit de montrer les voies du possible, de bâtir la conscience de classe que notre siècle appelle pour triompher des barbaries bourgeoises. Mais si tant reste à faire, nous n’avons pas chômé depuis un an. Nous avons agi dans nos territoires, rencontré des milliers de jeunes avec des discussions qui sont autant de graines qui germeront pour peu qu’on les travaille. Les coups ont été durs cette année mais nous avons su rester debout, nous n’avons pas flanché. Les diverses luttes qui ont jalonné notre année trouveront à coup sûr une traduction car la crise montrera la pertinence de nos solutions. Nous avons traduit cet état d’esprit en ayant une ANA au cœur des luttes avec notre soirée autour des jeunes sans-papiers.
Nous avons cette responsabilité d’être une force du rassemblement, de l’espérance. Tout au long de l’année, nous avons déployé cette ambition. Nous avons inondé nos rues de ces portraits de patrons-voyous qui saccagent le pays et notre avenir. Nous avons organisé un grand camp d’été qui fera date dans l’histoire de notre mouvement, véritable temps fort donnant corps à notre idée de droit aux vacances pour tous. En initiant le collectif « la retraite, une affaire de jeunes », en organisant les tournois de foot sur la Palestine, les soirées solidaires, nous avons été les fers de lance de dynamique mettant les jeunes au cœur.
Nous avons tout à gagner à être la force qui rassemble, qui fait vivre le débat d’idées, initie les actions. A l’heure de la défiance de nombreux jeunes vis-à-vis de la politique, à nous de faire la démonstration de notre utilité. Rayonner, oser l’adhésion et le contact, c’est bien ce qui sera le cœur de notre renforcement ; c’est bien ce qui sera le cœur de la lutte à mener dans tout le pays. Rien à perdre, un monde à gagner, tel est le slogan de cette ANA. Je rajouterai un monde mais aussi et surtout du monde à gagner, à aller chercher ! C’est bien le chemin à poursuivre pour atteindre l’objectif de 20 000 adhérents.
Ne reculons devant aucun défi qui jalonnera la période qui s’ouvre. Et tous autant que vous êtes ici, vous en serez les dépositaires dans vos lieux de vie avec nos camarades, avec les jeunes surtout.
Nous avons mené et nous comptons bien continuer à mener la bataille pour faire avancer le vivre-ensemble. Derrière le vernis complaisamment appliqué par les média sur la face du Front national, nous n’oublions pas les verrues purulentes de la haine : les Roms sont toujours les cibles ; les musulmans ont pris la place des juifs. Nous ne leur laisserons jamais la rue, jamais ! Les mots mènent aux actes. Combien faudra-t-il de Clément Méric, de femmes voilées agressées, de contrôles humiliants, d’insultes racistes, homophobes, sexistes ? Cette situation montre qu’on ne gagne jamais en reculant, qu’il faut affirmer haut et fort des valeurs et des droits. Oui, il faut conquérir le droit de vote des étrangers. Oui, il faut conquérir une vraie refonte de la police et de ses missions pour en finir avec le contrôle aux faciès. Oui, il faut conquérir la régularisation de tous les jeunes et de leur famille. Une carte lycéenne = un titre de séjour. Une carte étudiante = un titre de séjour ! Un contrat de travail = une carte de séjour. On étudie ici, on vit ici, on reste ici!
Nous ne reculerons pas. C’est une question de justice. Et s’il faut porter plainte contre un ministre, nous le ferons à nouveau! Oui, nous serons dignes de nos aînés de la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983! Tant de choses restent à conquérir ; tant de conquêtes restent à surveiller face aux menaces. Regardez les 343 salauds si justement nommés : touche pas à ma pute disent-ils. Nous n’oublions pas que lesdites putes sur lesquelles ils mettent leurs sales vieilles pattes sont si souvent des filles de notre âge, réduites à la prostitution à cause de la misère générée par le système capitaliste. Alors, Zemmour, pas touche! Pas touche aux filles de notre génération! Pas touche!
Pour le vivre-ensemble, nous ne sommes pas seuls à combattre et il faut dire un mot des associations, matraquées par les gouvernements successifs, victimes d’un plan social qui ne dit pas son nom : 30 000 emplois menacés par l’austérité! C’est une véritable menace pour le lien social, la vie citoyenne. Les associations participent au combat contre l’extrême-droite en permettant aux jeunes d’agir sur leur quotidien, de faire avancer les conceptions de partage et de solidarité. Ce sont les associations de soutien scolaire, les clubs sportifs, les associations culturelles, les associations de défense des droits des femmes, des migrants, d’entraide. Imagine-t-on notre pays sans le Secours populaire, Femmes solidaires, les associations de quartiers ? Partout où ce tissu associatif est absent, ce sont les idées de division qui prospèrent sur fond d’isolement, de peur de l’autre. Plus que jamais notre démarche doit être de travailler avec tous ceux qui contribuent au lien social.
Nous clamerons haut et fort que la précarité n’est pas un métier! Nous les trouverons en rassemblant le plus grand nombre de jeunes pour reprendre le contrôle sur nos formations, nos emplois, nos richesses. Nous les trouverons pour gagner des garanties pour un véritable statut pour tous les jeunes en formation professionnelle, apprentis, alternants, stagiaires pour que chacun puisse choisir son parcours de vie, que nos qualifications soient reconnues avec les garanties d’embauche, de salaires, de carrière notamment pour les femmes. Pour nos revendications en lien direct avec la vie des jeunes, nous trouverons les moyens de les rassembler dans l’action.
On l’a dit, vous le savez, la situation de notre génération est grave. Malgré l’autosatisfaction affichée, les socialistes le savent aussi et c’est sans doute pourquoi, Monsieur le président, vous organisez une conférence sociale sur la jeunesse en février prochain. Je n’ai à ce jour pas reçu d’invitation pour exposer nos diagnostics et nos propositions. Ni moi ni les représentants des autres organisations de jeunesse. Est-ce ainsi que vous entendez préparer le succès d’une initiative qui entend améliorer la vie des jeunes ? Sans les consulter, sans les écouter. Invités ou non, à l’intérieur ou à l’extérieur du palais de l’Elysée, soyez sûr, Monsieur le président, que nous ferons entendre le cri de tous les jeunes qui souffrent et qui veulent le changement maintenant.
Ce combat, nous le mènerons à l’échelle européenne avec l’ensemble des organisations progressistes et communistes. La bataille face au capital se mène aussi à cette échelle puisque les Etats mènent avec les institutions internationales une stratégie d’austérité avec comme axe principal la baisse du coût du travail. La garantie jeune, que j’ai cité plus haut, en est une émanation. Sous prétexte de lutter contre le chômage, on nous propose des jobs à un euro, des contrats toujours plus précaires. Nous refusons d’être condamnés à l’émigration ou à la misère ! les jeunes ne comprendront nos réponses que si nous posons les termes d’une mobilisation large et concrète. Les 5,6 millions de jeunes chômeurs en Europe et tous les millions d’autres qui vivent dans la précarité veulent des réponses fortes, justes et efficaces.
Nous serons d’ailleurs de tous les combats internationalistes. Partout, les peuples tentent d’inventer un autre avenir. Les politiques de ruptures avec l’ordre néolibéral, les processus révolutionnaires en Afrique du nord ouvrent des brèches dont notre génération est porteuse. C’est bien ce que nous vivrons à l’occasion du prochain Festival mondial de la jeunesse et des étudiants du 5 au 18 décembre à Quito, en Equateur. Nous y rencontrerons les jeunes d’Amérique latine qui travaillent à un front étudiant régional pour une éducation publique et gratuite, les peuples indigènes qui luttent pour une réappropriation des ressources après des siècles de marginalisation, un processus régional sur des bases de progrès et de coopérations entre Etats associés avec des succès mais aussi des contradictions. Autant d’idées, de perspectives à réfléchir pour engager dans un même processus, dans un même mouvement rupture avec l’Union européenne du fric et construction solidaire, fraternelle de l’Europe des travailleurs. Cela ne sera possible que par la mise en cohérence, la convergence de toutes les luttes de la jeunesse de tous les pays européens. Ces luttes existent à nous de les renforcer et de les rassembler !
Je voudrais ici revenir sur le sens de ce combat qui n’est pas annexe ni folklorique d’autant plus que nous ciblons notre intervention sur une terre si petite mais pourtant si porteuse de sens. La Palestine, je le dis haut et fort, est la matrice de tous les combats internationaux. Se joue dans ce conflit l’avenir du monde, d’un capitalisme prêt à tout pour maintenir sa course au profit quitte à faire reculer les principes de l’humanité. Ce conflit nous révèle tant le monde que veulent nous imposer les capitalistes : la séparation comme règle de fonctionnement, la violence comme voie de dialogue, la haine comme horizon. Faisons triompher la paix avec comme boussole que la Palestine est la solution et non le problème. L’émancipation, le droit à l’autodétermination des peuples : ne transigeons pas sur ces principes qui constituent notre ADN internationaliste. Ayons en tête les mots de Nelson Mandela qui a si bien résumé l’universalité de cette cause : « Nous ne savons que trop bien que notre liberté demeurera incomplète sans la liberté des Palestiniens ». Enfin, Fernand Tuil nous l’a rappelé mais les Palestiniens ne se morfondent pas dans leur situation, ils inventent, résistent, existent. J’oserai même dire qu’ils ont été les premiers à faire lever ce vent de liberté qui traverse la région face à l’impérialisme, aux régimes corrompus à leur solde et à l’injustice.
Nous ferons exister le peuple palestinien et tous les peuples victimes de la barbarie impérialiste que par la mobilisation ici et maintenant. Avec notre appel à la reconnaissance de l’Etat palestinien par la France, ouvrons cette brèche d’une autre voie pour la paix et la coopération. Forts de nos gestes et démarche acquis depuis 4 ans, nous pouvons obtenir cette conquête par ce que nous savons faire de mieux : la mobilisation.
Utilisons notre appel à la reconnaissance de l’Etat palestinien et inondons tous les lieux de vie des jeunes avec. Rendez-vous dans un an avec les 30 000 pétitions pour donner de la force à cet appel et obtenir cette conquête. Ce seront autant de jeunes qui nous auront rejoints ou que nous pourrons mettre en mouvement autour de cette question. Nos aînés ont mené un long combat contre l’apartheid. Ils sont la génération Mandela. Soyons la génération de la reconnaissance de l’Etat palestinien, soyons la génération Palestine !
En cette année 2013, de grands internationalistes nous ont quitté : Stephane Hessel, Hugo Chavez, Henri Alleg. Soyons dignes d’eux pour ces hommes d’exception qui ont porté toute leur vie l’exigence de justice, de dignité avec force et conviction. Nous en serons d’autant plus les héritiers que nous ne cèderons pas sur les valeurs et les principes universels.
Enfin, camarades, 2014 sera décidément une année charnière. C’est la première fois que le gouvernement sera soumis au verdict des urnes depuis 2012. Loin d’en faire un procès stérile et uniquement centré sur ceux qui occupent les sièges des ministères, c’est bien l’affrontement avec les forces du capital qui doit prévaloir. Battre en brèche l’austérité partout, tel est l’enjeu.
Les échéances municipales seront un moment d’interpellation fort pour faire vivre nos exigences. Les communistes ont toujours fait des communes des remparts mais aussi des lieux d’expérimentation et d’innovation sociale, pour rendre effectifs nos droits. C’est une formidable rampe de lancement pour donner vie et corps à nos revendications, démontrer dans le réel qu’un autre chemin est possible, répondant aux aspirations immédiates des jeunes et posant dans le même temps des leviers de transformation profonde. Il existe dans nos villes des expériences qui méritent d’être connues, étendues dans le domaine des transports, du logement, de la santé, de l’emploi. A Villejuif, Aubagne, Saint-Etienne du Rouvray, Saint-Ouen, Gennevilliers, Dieppe, Martigues, Seclin, Vierzon, Avion, Tarnos, Vaulx-en-Velin et dans bien d’autres villes, les droits des jeunes progressent. Il ne s’agit pas de décrire des paradis sur Terre, c’est impossible et ça l’est d’autant plus que les communes sont victimes elles aussi de l’austérité mise en œuvre par le gouvernement et dans toute l’Europe mais ces exemples sont autant de cas concrets, de preuves qu’il existe des solutions pour permettre aux jeunes de maitriser leurs parcours de vie.
Quand d’autres joueront la carte jeunes comme un coup de comm’, simple faire-valoir sur la photo, nous, jeunes communistes, nous voulons être les relais agissants des attentes des jeunes. C’est comme cela que l’on pourra espérer battre le fléau de l’abstention, de la démobilisation, du repli. Je vous le dis, chers camarades, mais je le dis aussi à tous les jeunes que nous allons rencontrer : saisissez-vous de notre charte pour de nouveaux droits ! C’est la vôtre ! Nous pouvons en faire une arme de construction massive pour ouvrir des perspectives de transformation durables. Quand les jeunes sont unis et en marche sur un objectif, rien ne nous arrête. Emparez-vous de la charte et conquérons au printemps prochain de nouveaux droits ! Cette échéance n’est qu’un début pour lancer la construction de mobilisations radicales. Remettons le curseur à gauche et l’Histoire sur ses pieds ! Ouvrons l’espoir en mars 2014 !
Nous n’avons rien à perdre, que nos chaînes, nous avons un monde à gagner. Alors, on va se battre et on va le gagner ! Vive la jeunesse ! Vive le communisme ! Vive la FMJD ! Vive le MJCF!
Nordine IDIR
Site du Mouvement des Jeunes Communistes
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Samedi 7 décembre
Journée nationale de boycott
des marques Unilever
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