Le Député européen Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) a rencontré les candidats de la liste d’union Fdg-EELV, Jean-Marc Coppola et Sophie Camard.
Le Député européen Jean-Luc Mélenchon, en visite à Aix hier pour y présenter son livre, « L’ère du Peuple », à l’institut d’études politiques, a rencontré les candidats Front de gauche-Europe Écologie les Verts, Jean-Marc Coppola et Sophie Camard. Entourés d’élus régionaux des deux partis, ces derniers ont insisté sur la cohérence de leur démarche de rassemblement face aux velléités austéritaires du PS et à celles, plus menaçantes encore, incarnées par la droite et son extrême. Sur le terrain, l’attelage progressiste dont ils se revendiquent « est très souvent perçu comme un acte responsable », témoigne Jean-Marc Coppola, « remobiliser un électorat de gauche déçu par le PS » prêt à bouder les urnes, « fait partie de nos objectifs », précise-t-il. Avant même l’annonce de cette union -porteuse aux élections départementales avec l’élection du binôme Jorda-Inaudi en mars- « les électeurs de gauche nous disaient très clairement qu’ils seraient de la partie si le Front de gauche et EELV partaient ensemble aux Régionales ». Le rapprochement opéré entre deux formations politiques résolument anti-libéral, Jean-Luc Mélenchon le cautionne sans équivoque : « Je n’ai aucun doute sur l’opinion des militants écologistes, qui savent contre quoi nous devons lutter ensemble ». Et de diriger ses scuds contre les chantres de l’austérité gouvernementale - socialistes et autres démissionnaires d’EELV : « Le capitalisme vert, ça ne marche pas très fort, ces derniers temps », puis en levant les yeux au ciel à l’évocation de Christophe Castaner : « rapporteur de la loi Macron ? C’est vraiment comme ça qu’il est présenté aux électeurs ? Mais ils vont le pendre ! »
« Porteurs de renouveau »
Cette rencontre a donc permis aux participants de rappeler les raisons de l’abstentionnisme qui guette - sauf si l’union de la gauche antilibérale parvient à remobiliser un électorat qui a décroché de la politique « par déception voire par dégoût » lance Sophie Camard, « si on a construit cette liste, c’est justement, pour s’adresser aux abstentionnistes, leur montrer que la situation actuelle n’est pas une fatalité, qu’on est porteurs de renouveau ». Pas une fatalité non plus, l’individualisme ambiant : « Je ne crois pas que la société soit individualiste, réfute Jean-Luc Mélenchon, Les gens y sont acculés car on les met à la limite de la misère. Et quand ils essaient de faire la seule chose en leur pouvoir, mettre un bulletin dans l’urne pour changer les choses, il ne se passe rien. Alors quand ils s’insurgent, on leur propose un bouc émissaire : le réfugié, le migrant… ». Une situation en partie imputable, aux yeux du Député européen, au « système médiatique, deuxième peau du système économique », une « machine à bourrer le crâne » qui au lieu d’aider à « rendre cette élection intéressante en nous posant des questions sur nos programmes, nos projets, se focalise sur les personnalités, les sondages, les alliances de second tour… Alors le procès de l’abstention, on ne doit pas le faire au peuple ! »
Sabrina Guintini (La Marseillaise, le 23 octobre 2015)