(La chronique de José Fort sur Radio Arts Mada, tous les lundi en direct à 19h)
Nous venons de vivre un holdup électoral à répétition, sans précédent dans notre histoire récente.
La première séquence a vu Macron élu président de la République. Il a accédé à la fonction suprême parce que le bulletin portant son nom a souvent été utilisé pour éloigner du pouvoir Mme Le Pen. Macron, adepte des poncifs dignes d’un évangéliste sectaire dans un costume fait main, a été élu par défaut.
En un mois de présidence, le jeune commis de la vieille bourgeoisie française dont au moins deux de ses ministres sont empêtrés dans des « affaires » affiche des projets redoutables pour le monde du travail et les retraités : la casse des droits des salariés, le plafonnement des indemnités prud’homales, l’augmentation de la CSG pour les retraités, l’état d’urgence inscrit dans la Constitution, la volonté d’ubériser la société…
Le personnage n’a pas pu cacher longtemps son véritable profil en tenant des propos indignes : racistes en évoquant la situation aux Comores ; arrogants en répondant à une salariée « je ne suis pas le père Noël » ; pervers affirmant - piégé par un micro ouvert - à deux de ses ministres qu’il avait bien reçu les dirigeants syndicaux mais qu’il ne leur avait « rien dit » ; inquiétants pour la démocratie en choisissant lui même les journalistes chargés de « couvrir » ses déplacements.
Macron et ses proches, c’est la génération ivre d’ambitions ultra libérales, la génération sortie des mêmes grandes écoles, la génération du fric et de l’injustice sociale, la génération du carriérisme, la génération du retournement de veste.
Le Cac 40 et les milliardaires propriétaires des médias ont trouvé en Macron leur homme lige idéal et des députés à la botte. Comme l’écrit Edwy Pleynel, «même un âne étiqueté « En marche » avait toutes ses chances d’être élu. » Quand on regarde de plus près ces prétendus représentants de la « société civile », élus ou candidats de « En marche », on découvre que 70% d’entre eux sont haut cadres ou patrons avec en prime une bande de parfaits crétins limite analphabètes, un violeur, un trafiquant de diplôme, un adepte de l’enrichissement personnel « légal », un détenteur de compte bancaire à Hong Kong et même… une voyante.
Hier, la deuxième séquence du holdup électoral a eu lieu avec une abstention sans égal dans notre histoire. Plus d’un Français sur deux n’ont pas voté. Si on ajoute les deux millions de vote nuls et blancs on peut raisonnablement s’interroger sur la légitimité de cette nouvelle Assemblée nationale.
La machine « En marche » avec environ 14% des inscrits rafle 70% des circonscriptions tandis que les Républicains en forte baisse restent en piste. Le PS s’effondre. Quant à la gauche, elle aurait pu gagner un plus grand nombre de circonscriptions sans la division entretenue par les anciens dirigeants du PS transformés en « insoumis » dont la morgue n’a plus de limite comme en témoigne la première déclaration au soir du deuxième tour de M. Mélenchon. Qu’on ne s’y trompe pas, son prochain objectif électoral vise les municipalités à direction communiste.
Les communistes, eux, sauvent les meubles. Et s’ils devront réfléchir aux bouleversements intervenus dans la société et la place qu’ils comptent y prendre, ils ne pourront pas faire l’économie du bilan des douze derniers mois avec le choix de l’effacement mortifère. Ils devront choisir entre la « pureté révolutionnaire » d’un autre temps et la prétendue « évolution moderniste » qui a pour seul objectif la liquidation pure et simple. Entre ces deux extrêmes existe la place pour un parti communiste moderne, adapté à notre temps, uni et combattif, au plus près de la population, particulièrement celle qui travaille et vit durement
Des forces considérables aspirent à une transformation sociale, économique, institutionnelle en profondeur. Il faut les entendre, les comprendre afin de construire de nouvelles perspectives.
En attendant, fort de sa majorité en députés mais ultra minoritaire dans la société, le gouvernement va très rapidement tenter de faire passer la pilule. Les salariés, les retraités, les chômeurs auront à régler la note dès l’été. Elle sera salée.
José Fort