https://www.ensemble-fdg.org 19 juillet 2017
Militant à ENSEMBLE, mais aussi à France Insoumise, je considère que la déclaration de Mélenchon rejetant la responsabilité de la France dans la rafle du Vél d'Hiv est très grave :
- sur les événements eux-mêmes, dire aujourd'hui ce que disaient de Gaulle et Mitterrand est profondément réactionnaire ; il n'y a plus maintenant que l'extrême droite (et certaines franges de la droite) pour critiquer ce qu'a affirmé Chirac en 1995 et qui est profondément juste "La France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable" et ne voulait pas dire les Français, mais l'Etat, son administration, sa police...; refuser de reconnaître la responsabilité de la France, c'est dédouaner l'Etat bourgeois d'un de ses pires crimes ;
- dans sa déclaration Jen-Luc Mélenchon ne se soucie pas du tout de ce que la reconnaissance de la responsabilité de la France représente pour les descendants des victimes d'alors, et plus généralement pour les Juifs ; seule lui importe la rspectabilité d'une France mythifiée ;
- au-delà de la rafle et du poids qu'elle représente encore, se pose la question de l'inventaire du passé colonial de la France ; au moment de la Guerre d'Algérie, ce n'est pas la France qui massacrait ? Etre clair sur les responsabilités de l'Etat français en 1942, c'est un point d'appui pour exiger la clarté sur le passé colonial de la France ;
- enfin, et ce n'est pas le moins grave, la conclusion est profondément réactionnaire. Mélenchon nous dit :
"Ces débats ne sont pas nouveaux. Ils ont leur dignité aussi longtemps qu’on accepte d’en parler avec le souci de l’amour que nous devons à notre pays avant tout autre. Ce qui n’est pas admissible c’est que du chef d’état-major des armées au peuple tout entier, nous soient intimés sur le ton du commandement le plus autoritaire l’identité du pays, ses références, son histoire. Cela par un seul homme sans qu’aucune réplique ni discussion ne puissent avoir lieu. Je mets en garde : méconnaître les fondamentaux de l’identité républicaine du pays expose ceux qui la molestent ou la violentent à de puissants et irréversibles retours de bâton venant du plus profond du sentiment commun des Français."
Du soutien au chef d'Etat major des armées (pour défen dre le budget militaire !) à "l’amour que nous devons à notre pays avant tout autre" (avant l'Allemagne en 1914 par exemple ?) et au "sentiment commun des Français", on retrouve la volonté de concurrencer la droite et l'extrême droite dans le nationalisme. Au fait, c'est quoi le "sentiment commun des Français" sur le Vél d'Hiv et la Guerre d'Algérie ?
Ce type de dérive a souvent existé dans le mouvement ouvrier et les résultats en furent toujours catastrohiques. Croire que c'est en allant sur son terrain que l'on combat l'extrême droite est une lourde erreur. On y perd juste son âme. Que celles et ceux qui ont soutenu sa campagne et agissent avec la France insoumise disent à Jean-Luc Mélenchon haut et fort : "insoumis, nous ne nous soumettrons pas au nationalisme ; insoumis, nous continuons à penser que le 16 jullet 1942, la France accomplissait l'irréparable".
Robert HIRSCH