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Choix de l'illustration R.C

 

http://www.slate.fr publié le 31 aout 2015

En 1939, l'Amérique ferma sa frontière à un paquebot de 908 réfugiés juifs

Le 13 mai 1939, le Saint-Louis, paquebot transatlantique allemand, quitte le port de Hambourg. À son bord, 937 passagers. La grande majorité d'entre eux sont des juifs allemands fuyant le Troisième Reich.

Persécutés–quelques mois auparavant avait lieu la Nuit de Cristal, pogrom où une centaine de juifs furents assassinés–, ils ont réuni l'argent nécessaire pour un visa et un aller simple sur le Saint-Louis dans l'espoir de trouver refuge en Amérique.

Mais, alors que leur paquebot appareille dans le port de la Havane, les autorités cubaines ne les autorisent pas à débarquer. Hostile envers les juifs, «le pays souffrait en plus d’une dépression économique et beaucoup de Cubains n’appréciaient pas du tout le nombre relativement grand de réfugiés [...], qui étaient perçus comme des concurrents pour les rares emplois», rapporte l'Encyclopédie multimédia de la Shoah. Seuls vingt-neuf d'entre eux sont autorisés à rester sur le sol cubain.

Après Cuba, le Saint-Louis tente sa chance aux États-Unis. Le bateau navigue si près des côtes de la Floride que les passagers aperçoivent les lumières de Miami. Un câble est envoyé au président Franklin D. Roosevelt, lui demandant de leur accorder l'asile. Il ne reçut jamais de réponse.

À l'époque, la presse américaine s'est largement fait l'écho de la situation critique des passagers du Saint-Louis. Mais l'Acte d'immigration de 1924, mis en place aux États-Unis, limitait le nombre de réfugiés pouvant être admis chaque année. À l'été 1939, le quota était déjà atteint.

Les Américains, quoique compatissants vis-à-vis des réfugiés et indignés par la politique du régime nazi, soutiennent ces restrictions à l'immigration. La crise économique de 1929 venait de passer par là, laissant des millions d'Américains au chômage, et l'arrivée d'immigrés était vue comme une menace sur les derniers emplois disponibles.

Souvenir honteux

Le Saint-Louis a dû faire demi-tour pour l'Europe, alors sous la botte nazie. Beaucoup de ses passagers furent victimes des camps, comme les membres de cette famille, tous tués à Auschwitz,

Le souvenir honteux du paquebot Saint-Louis, désormais immortalisé dans les musées de l'holocauste à travers le monde, n'est pas sans rappeler la situation critique de l'Europe.

La Méditerranée est devenue un cimetière marin, avec plus de 30.000 migrants morts depuis 2000 lors du naufrage de leur embarcation, tandis qu'à Calais les réfugiés tentent de forcer l'entrée du tunnel sous la Manche au péril de leur vie. Pendant ce temps, les pays européens hésitent sur la marche à suivre pour gérer cet afflux de migrants et de réfugiés fuyant la guerre dans leur pays.

Faut-il leur ouvrir toutes grandes les portes de l'Europe? Faut-il se protéger avec encore plus de barbelés? L'opinion oscille entre bonne volonté utopique et xénophobie voilée. Il n'existe aucune solution simple, mais conclut le site Project Syndicate, «se rappeler du sort des juifs d'Europe dans les années 1930 devrait au moins nous obliger à ne pas faire preuve d'indifférence envers le sort de ceux qui n'ont nulle part où aller».

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Aquarius : La question de l’accueil des réfugiés doit être inscrite à l’ordre du jour du prochain Conseil européen

Le refus du gouvernement d’extrême droite italien de recueillir le bateau « L’Aquarius », ayant secouru 629 réfugiés dont 123 mineurs et 7 femmes enceintes, a mis une nouvelle fois sur le devant de la scène l’incurie de l’Union Européenne et de la France. Par son inaction, l’Union Européenne met en danger des vies humaines ballotées pour des raisons politiciennes. Elle tourne le dos à son histoire et à son identité.

En demeurant passifs, Bruxelles laisse les populistes et les xénophobes régner sur la politique migratoire européenne. De façon incompréhensible, Emmanuel Macron aura mis 48h à réagir, finissant par dénoncer le « cynisme et l’irresponsabilité » du gouvernement italien. Mais plutôt que des belles paroles, nous avons besoin que la France prenne l’initiative. Elle doit exiger l’inscription en urgence de la question de l’accueil des réfugiés et de la réforme du règlement de Dublin au prochain Conseil européen des 28 et 29 juin.

Il est indispensable que les gouvernements se mettent autour d’une table pour apporter une réponse commune à la situation dont l’Aquarius est un énième symptôme. Il est nécessaire de réformer en urgence le règlement de Dublin qui impute au premier pays d’entrée au sein de l’UE la charge d’examiner les demandes d’asile. Du fait de cette disposition, les populations de l’Europe du Sud assument seules l’accueil des réfugiés dans des conditions humaines dramatiques quand un certain nombre de pays-membres d’Europe centrale ou du Nord refusent de prendre leur part à la solidarité internationale. A l’occasion du prochain Conseil européen, la France peut et doit porter des solutions pragmatiques :

- contraindre les États membres, y compris leurs flottes militaires, à remplir leurs obligations internationales en matière de sauvetage en mer et de droit d’asile ;

- partager la responsabilité des demandeurs d’asile entre tous les pays de l’UE ;

- réorienter les missions de Frontex vers le sauvetage et l’ouverture de voies légales sans conditions ;

- instaurer des voies légales et sûres d’accueil des réfugiés à travers un couloir humanitaire dans la Méditerranée, en lien avec le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU.

Ian Brossat,

chef de file des communistes

pour l’élection européenne de 2019

Tag(s) : #A LA UNE AUJOURD'HUI
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