
Page Facebook Les perles de l'Anti-science
Il est dur d’être passé à côté, ces derniers jours toute la presse s’enflamme sur de l’eau contaminée au Tritium. Une association militante, créée en réaction à l’accident de Tchernobyl, L’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest) à publié un communiqué intitulé « Tritium dans l’eau potable : plus de 6 millions de français concernés. Quelle eau potable en cas d’accident nucléaire grave ? » (https://cutt.ly/Commun_ACRO).
La Presse en reprend les propos sans aucun recul, sans esprit critique. Ce n’est pas du journalisme ça, c’est juste une grosse caisse de résonance sans raisonnance.
Qu’est ce que le Tritium ?
La tritium est un isotope radioactif de l’hydrogène. Il n’émet que des rayonnements bêtas. Il a un rayonnement de très faible énergie : 5,7 keV. Vu qu’il est sous forme d’eau, il est vite métabolisé et évacué par le corps. Il n’y séjourne pas.
Pourquoi des mesures uniquement en Becquerel et non en Sievert ?
Si vous avez un peu l’habitude du nucléaire, vous savez qu’il existe différentes unités pour exprimer des choses différentes concernant la radioactivité. Le Becquerel n’est qu’ une mesure Brute de la concentration en radionucléides. Parler de Becquerel ne présente que peu d’intérêt si on s’intéresse aux risques sanitaires. Si on veut connaître la dangerosité pour l’humain, il faut s’intéresser aux Sievert qui est l’
« unité utilisée pour donner une évaluation de l'impact des rayonnements sur l'homme » (Définition du CEA). Le communiqué balance pleins de chiffres, mais uniquement en Becquerel. Pas une seule mention de Sievert. Aucun journaliste ne semble s’en émouvoir.
Si on prend la valeur la plus élevée trouvée dans le communiqué, qui est de 341 Bq/L, un homme de 70Kg buvant 3 litres de cette eau par jour cela donne une valeur de 1,38 µsV/an.
Si on compare avec la banane, naturellement émettrice de rayonnement du à son Potassium 40 (qui est 1000 fois plus radiotoxique que le Tritium), avec une eau à 500 Bq/L, il faut en boire 40 litres pour recevoir la même dose qu’en mangeant une banane.
Pour rappel : selon l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) « un français reçoit en moyenne 4,5 mSV/an », dont 2,9 mSV « naturels » et 1,6 « artificiels ».
Cette radioactivité est donc parfaitement anodine pour la santé. La grande majorité des articles ne font aucune mise en perspective. Pourquoi ?
Le seuil d’alerte Sanitaire pour l’OMS est de 10 000 Becquerels (https://cutt.ly/radioactivite_OMS). Le seuil de 100 Becquerels mentionné n’est pas du tout un indicateur de santé, mais juste un seuil, qui, si il est dépassé doit alerter les autorités pour vérifier si il n’y a pas un problème.
Il n’est pas sérieux de parler de contamination dans ces conditions puisque sans conséquence pour la santé.
La Criirad (une autre association militante) affirme que « Les autorités acceptent, pour les polluants radioactifs, des niveaux de risque cancérigène plus de 100 fois supérieurs au maximum toléré pour les cancérigènes chimiques ! ».
C’est globalement faux, car les autorités prennent en compte la radiotoxicité des éléments, elles. De par sa faible radiotoxicité, le tritium, doit être en grande quantité pour obtenir les même risques qu’avec d’autres éléments.
L’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) à déjà répondu à ces questions, il y a un mois (https://cutt.ly/Reponse_ASN).
Nous avons là un bel exemple ou les journalistes s’emballent face à la publication d’une association militante et dont ils reprennent les informations, auxquels ils ne comprennent visiblement rien, bien souvent sans chercher à mettre en perspective ces valeurs qui sorties de leurs contextes ne veulent rien dire.
Des gros titres qui font bien peur, mais où l’information est tellement floue que cela en devient de la désinformation.
Ces articles sont en effet inquiétant … mais pas pour la santé des français …
Si vous aussi vous n’en pouvez plus du traitement de l’information scientifique dans les médias, n’hésitez pas à signer la tribune #NoFakeScience.
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