La soirée du 1er août 1944 à Sarrians:
C'était une belle journée d'été. Les échos de l'avancée des Alliés, en Normandie comme en Provence, apportent l’espoir mais la milice intensifie sa traque aux résistants et, en premier lieu, aux communistes particulièrement actifs.
Vers 20H la place de Sarrians est bouclée par des soldats allemands et la rafle, dirigée par les miliciens du PPF, qui ont sévi le jour même à Malaucène et Violès, commence. Paul Roux et le résistant Lucien Faraud y laisseront la vie.
À la ferme des Durand, on est forcément sur le qui-vive. Albin et sa femme donnent régulièrement l'abri à des résistants, et les perquisitions de la police spéciale de Marseille sont fréquentes. En fin de journée, le gendre d'Albin, Nic Savitsky, est parti chercher des melons. Albin, lui, s'apprête à sortir pour rencontrer René Gilli, responsable des FTPF (Francs Tireurs et Partisans français). Mais alors qu'il sort de la ferme une colonne de soldats allemands, commandée par un groupe de miliciens français, l'arrête, et encercle le bâtiment. Toute la famille est d'abord alignée contre un mur, puis nos camarades, Albin et Antoine, sont emmenés à l'étage....
On les entendra crier. Quand, plus tard, leurs corps seront retrouvés on constatera qu'ils portent de nombreuses traces de torture, l'un eu les jambes sciées, l'autre l' oeil arraché. Ni l'un ni l'autre n'ont parlé…
"Antoine:
Né dans la ville monde de Marseille eut cinq « parents » : l’assistance publique, l’Eglise, les jeunesses communistes, l’armée et l’amitié d’Albin de 15 ans son aîné. Muri « au soleil de la diversité », il aimait joyeusement la vie, il luttait et s’amusait. Un être rayonnant, sportif et chanteur ; au chaud dans la famille d’Albin, il en partage tous les engagements. Il aurait pu faire son métier avec les armes puisqu’il en avait appris la technique comme « caporal ». Il avait choisi l’agriculture, l’art de nourrir les humains. Faire « du pain et du vin » pour les autres… L’histoire le bouscule… De l’autre côté de la France, un Préfet, Jean Moulin, préfère s’ouvrir la gorge plutôt que de signer un faux selon lequel des « noirs » auraient commis un massacre, innocentant ainsi les nazis. Il ne l’a pas su, mais il ne se trompe pas de camps : il Résiste et instruit les maquisards F.T.P.F. aux armes, trop rares, tenus par ses frères blancs, rouges, chrétiens, Espagnols, Italiens, …
Il coule en tous ceux qui veulent que se fasse enfin ce que le père Teilhard de Chardin appelait « l’hominisation » et que Jaurès nommait le grand mouvement pour « l’Humanité », Albin et Antoine, merci à vous. Soyons dignes de vous !"
L'association des Amis Antoine Diouf-Albin Durand
L'association recueille documents et témoignages pour faire la lumière sur les événements du premier août 1944 à Sarrians. Elle a publié, en 2016, un livre qui fait référence: "Faits et causes – Sarrians, 1er AOÛT 1944 – Un village dans la tourmente" .
Elle a à cœur d'associer la population du village à ce travail de recherche et peu à peu la vérité se fait jour car, pendant longtemps, la version des faits en cours à Sarrians attribuait l'assassinat de Diouf et Durand aux soldats allemands.
Pour se procurer le livre contactez
l'Association des Amis Antoine Diouf - Albin Durand
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