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Nous reproduisons ci-dessous le communiqué publié par la section  de l' Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)  de la Ligue des droits de l’homme, en soutien aux procès en culpabilité de « dérives intellectuelles idéologiques » engagés par le député Aubert à l’encontre de sept enseignants.

( https://twitter.com/JulienAubert84/status/1331935574341668867 )

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Libertés académiques : quand le député Julien Aubert se prend pour MacCarthy

Le 25 novembre 2020, Julien Aubert, député Les Républicains du Vaucluse, a demandé au président de l’Assemblée Nationale la création d’une mission d’information parlementaire sur « les dérives intellectuelles idéologiques dans les milieux universitaires ». L’intitulé en lui-même de cette demande est une atteinte aux libertés académiques et une monstruosité que l’on croirait tout droit sortie des chasses aux sorcières de la Guerre Froide.

La Section EHESS de la Ligue des droits de l’homme tient à rappeler qu’aucun jeu politicien ne peut justifier que l’on vienne ainsi jeter le doute sur l’ensemble d’une communauté de chercheur·es et ce, dans le seul but de créer un buzz médiatique. Dans le communiqué rédigé avec son collègue député Damien Abad, Julien Aubert justifie sa demande par « l’existence de courants ‘islamo-gauchistes’ puissants dans l’enseignement supérieur » et par « l’importation d’une ‘cancel culture’ venue des Etats-Unis ». Aux journalistes qui lui ont demandé quelle était sa source pour s’alarmer ainsi subitement, il a répondu avoir pris la mesure de la situation à la lecture du magazine Valeurs actuelles.

Mais il y a pire encore. A l’annonce de cette nouvelle, plusieurs collègues universitaires de différentes disciplines ont légitimement fait part sur les réseaux sociaux de leur hostilité à la création d’une telle mission d’information. En réponse, le député Aubert a constitué sa propre affiche des sept collègues en question, la postant sur Twitter avec pour seul commentaire : « Les coupables s’autodésignent ». Aussitôt ces chercheur·es ont eu à essuyer leur lot de harcèlement, d’insultes et de menaces en ligne.

La Section EHESS de la LDH s’indigne de ce procédé qui jette à la vindicte des réseaux sociaux des universitaires qui n’ont fait qu’exprimer leur rejet d’une atteinte supplémentaire faite aux libertés académiques. Ces faits sont d’autant plus choquants dans le contexte actuel qu’ils ont été initiés par un élu de la République, dans le contexte de la promulgation de la Loi sur la « sécurité globale. »

Des personnes s’alarment d’une atteinte aux libertés fondamentales et se voient aussitôt accusés et désignés comme cible ? Voilà un processus bien documenté par les sciences humaines et sociales. De telles pratiques visent à faire taire par la terreur tout opposant. Elles visent à museler chacun par la peur d’être dénoncé à son tour comme ennemi public.

Face à ce néo-maccarthysme, la Section EHESS de la LDH demande à ce que la Présidence de l’EHESS et plus largement la communauté des enseignantes et enseignants de l’Ecole en tant qu’institution soutiennent notre collègue Christelle Rabier ainsi que les six autres universitaires concernés. Ces derniers ont été désignés comme premiers coupables de la chasse aux sorcières que ce député a décidé de mener contre tous ceux qui ne le suivraient pas dans sa propre « dérive idéologique ». Les soutenir juridiquement et publiquement est important car ils ne sont bien sûr que les premiers. A ne pas les défendre, c’est nous tous qui nous condamnons d’avance dans le procès politique que prépare le député Aubert.

La Section LDH de l’EHESS

Tag(s) : #A LA UNE AUJOURD'HUI
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