Intervention de Fabien Roussel au Conseil national du PCF du 12 décembre.

18 Décembre 2020

Publié le 17 décembre 2020 blog des communistes de Pierre Bénite

Je veux d’abord remercier Marie-Jeanne pour le travail de concertation avec les Secrétaires fédéraux pour élaborer un projet de calendrier dans des conditions très complexes. J’approuve la proposition d’une conférence nationale en avril qui vise d’abord à produire notre projet pour la France en 2022. C’est la question essentielle de cette conférence.

Avant qui, il faut mettre toute notre intelligence collective à travailler le quoi et le comment. Car, face à cette crise multiforme, ce qui importe d’abord c’est : comment répondons-nous à l’urgence sociale et à la colère du monde du travail ? Quelles sont les véritables leviers pour répondre à l’urgence climatique ? Comment allons-nous nous attaquer au mur de l’argent et reprendre le pouvoir à la finance ? Et donc comment allons-nous mettre la démocratie au cœur de notre projet, une démocratie redonnant du pouvoir aux citoyens et donnant de vrais pouvoirs aux salariés ?

Nous devons porter cette colère, l’exprimer et surtout ouvrir une perspective et donner de l’espoir à celles et ceux qui sont enfermés dans l’abstention, en montrant que leur vote peut radicalement changer leur vie.

L’ampleur de la crise, dans toutes ses formes, appelle autre chose que des demi-mesures : elle exige un projet qui porte clairement un dépassement du capitalisme.

Dans ce cadre, nous devons montrer que cette visée est non seulement possible mais incontournable. Avec un mot d’ordre : Le monde du travail doit prendre le pourvoir à la finance, avec des pouvoirs et de nouveaux moyens. Et une ambition, celle d’éradiquer le chômage de cette société.

Montrons dans ce cadre quelles sont les premières mesures qui s’inscriraient dans cet objectif et changeraient tout de suite et très concrètement, la vie de millions de salariés et de familles. De ce point de vue, l’élection législative doit être appréhendée au même niveau, pour faire élire et réélire un maximum de Député.e.s communistes.

Faisons de la conférence nationale le lancement également de la campagne législative, avec partout où nous le pouvons, la désignation de nos candidat.e.s. dans le même mouvement. C’est la condition aussi pour mener, le moment venu, le dialogue avec toutes les forces de gauche et écologiste, soucieuses elles aussi de faire élire et réélire des parlementaires. Personne ne gagnera seul !

Une candidature à la Présidentielle ne suffit pas à construire des majorités pour gagner des élu.e.s aux législatives. Elle peut en revanche contribuer à renforcer notre influence, en terme d’idées, notre organisation dans les circonscriptions. Les résultats des départementales et des régionales seront également décisifs.

Cette détermination n’est pas incompatible avec la recherche de rassemblement. Nous dialoguons évidemment avec les autres forces de gauche et écologistes et nous poursuivrons ce dialogue. On nous annonce faibles, on nous présente comme une force d’appoint. Mais nous sommes pour autant courtisés. Ne nous sous-estimons pas, et ne sous-estimons pas ce que nous portons.

D’ailleurs JL Mélenchon a tenu à m’écrire juste avant l’ouverture de nos travaux, preuve qu’ils sont importants pour les forces de gauche. Je partagerai son courrier avec les membres du CN.

Le débat est ouvert dès aujourd’hui et jusqu’au 9 mai où les communistes décideront en toute souveraineté. Mais je veux vous faire part de mon opinion, considérant qu’il est normal, nécessaire, que les communistes connaissent l’avis de leurs dirigeants à tous les niveaux.

A mes yeux, la situation de notre pays, l’ampleur des crises auxquelles il est confronté, le besoin du monde du travail, de la création, de la culture de voir porter leurs colères et leurs aspirations, appellent à une candidature communiste à cette élection qui, qu’on le veuille ou non, structure le débat politique dans la 5eme République.

Et j’ai la conviction que le courant révolutionnaire, émancipateur, a même un devoir d’être pleinement présent dans le débat démocratique des 18 prochains mois, pour qu’une alternative crédible, radicale, s’attaquant aux racines des crises, se confronte aux logiques ultralibérales, social-libérales ou réactionnaires et les fassent reculer.

Cette candidature, si nous en travaillons les contenus au bon niveau comme nous le faisons aujourd’hui, à celui des colères mais aussi des réponses novatrices qu’elles exigent, est nécessaire et doit booster nos candidatures aux élections législatives.

La gauche est diverse. Elle l’a toujours été. Elle n’est pas faible de cette diversité, mais de son manque d’ambition face au capitalisme financier, faible de ses reniements et de ses renoncements quand elle parvient au pouvoir. Elle est faible aussi de l’affaiblissement de son courant révolutionnaire, politique et syndical.

Le courant libéral de la social-démocratie aura son candidat, la FI également. Dans un tel paysage, je pense que le PCF doit assumer de présenter le sien ou la sienne.

Ce n'est pas un obstacle au rassemblement, en particulier pour les législatives. Au contraire, faisons-en un atout pour élire des parlementaires communistes plus nombreux et pour des succès de la gauche dans le plus grand nombre de circonscription possible.

Une telle décision, si elle est celle des communistes souverains, a évidemment des conséquences sur notre calendrier politique, qui doit rester en prise avec la vie réelle tout en nous fixant l’objectif de l’imprimer de nos propres choix. Il faudra ainsi de grandes initiatives sur la santé, l’écologie, l’emploi, le travail, l’industrie, sur la jeunesse, la culture ou encore sur le féminisme.

Ce calendrier doit inclure des déplacements nombreux de notre candidat-e,y compris dans les DOM-TOM et ancrer notre campagne au plus proche du terrain, des luttes.

Et pour que cette candidature porte effectivement les aspirations populaires, les luttes du monde du travail, il faudra vite construire des comités de soutien locaux, ouverts, pluralistes, animant la campagne sur les territoires, avec les citoyens, les syndicalistes, les jeunes, toutes celles et ceux qui veulent que ça change réellement.

Notre calendrier politique, très riche et dépendant aussi de l’évolution de la crise sanitaire, doit aussi intégrer ces rendez-vous, locaux et nationaux

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