Sur le site des communistes de Pierre Bénite
À la veille de notre premier grand meeting, ce qui domine dans l'état d'esprit des communistes aujourd'hui, c'est la confiance: confiance dans le bien fondé de notre choix qui nous a mis à distance du phénomène de décomposition avancée à gauche, confiance parce que quel que soit le résultat électoral final, il y a déjà un acquis c'est le retour du parti dans le paysage politique, confiance parce que notre campagne décolle à tous points de vue : percée médiatique de Fabien, pente ascendante des sondages et la mise en mouvement des militants, avec maintenant l'envie de s'approprier le projet et d'aller à la rencontre des électeurs.
Fabien fait désormais partie des candidats qui comptent, y compris dans le milieu médiatico-politique, ce qui est vraiment remarquable. Il s'agit maintenant d'ancrer et de consolider cette incursion avec quelques propositions qui fassent mouche, car l'image très positive du candidat communiste, qui fait la différence, et porte au plus près les aspirations du monde du travail, ne suffira pas: il y a des exigences pour passer de la sympathie au vote que nous ne devons pas sous estimer, en particulier des exigences de faisabilité, de crédibilité de notre projet.
Or, elle repose sur le le fait que nous ne raisonnons pas à structures constantes, où il suffirait de vider certaines poches pour en remplir d'autres. Le financement de notre projet n'est possible que sous condition d'un développement sans précédent de l'emploi et la formation, incarné dans le projet de la Sécurité-Emploi-Formation, lequel ne peut se réaliser hors de conquêtes de pouvoirs nouveaux pour les salariés et les citoyens, pour leur conférer la maîtrise de l'argent et changer les logiques de décision sur: que produire, pour qui, pourquoi, comment et où ? L'enjeu de transformation est à la fois la clé de notre campagne et sa difficulté.
Nous devons renforcer notre intervention sur la question internationale, même si elle n'intéresse guère les médias; d'abord parce que les tensions sont préoccupantes, ensuite parce-que dans l'affaiblissement de l'espérance révolutionnaire, il y a la perception, réaliste, que le capitalisme financier mondialisé a réussi à poser des verrous en Europe et dans le monde qui entravent le changement. D'où l'importance de tracer les pistes pour se dégager des contraintes, et là encore, gagner en crédibilité et faire monter la volonté transformatrice de notre peuple.
Ne craignons pas de mettre en cause l'impérialisme américain et de réhabiliter le terme dans notre langage. Réservons le terme d'impérialisme aux USA, et non à la Russie qui, à supposer qu'elle en ait des velléités, ce qui n'a rien d'évident sur l'Ukraine, n'en a de toutes façons pas les moyens. Pour être porté aujourd'hui par un personnage moins extravagant que Trump, l'impérialisme américain n'en n'est pas moins aussi offensif. La guerre économique sans merci avec la Chine, le dopage des budgets du Pentagone, le retrait non concerté d'Afghanistan, la mise en place d'une alliance militaire dans le Pacifique dans le dos de la France, et le dossier ukrainien en sont des preuves évidentes.
Le suivisme atlantiste des gouvernements européens sur l'Ukraine est une impasse dangereuse pour la sécurité collective européenne, qui ne peut être assurée sans l'inclusion de la Russie, et a fortiori contre la Russie. Or c'est la voie de l'exclusion de la Russie qu'a choisi Biden, parce qu'elle renforce l'hégémonie américaine en Europe.
Notre projet réaffirme notre volonté de sortir de l'Otan et d’œuvrer à sa dissolution, puisque sa raison d'être était l'existence du pacte de Varsovie, qui n'est plus. La crise ukrainienne est l'occasion de réaffirmer cette orientation géostratégique majeure, car l'Otan n'est pas une alliance militaire défensive mais offensive. La neutralisation de l'Ukraine et de la Géorgie vis à vis de l'Otan est une demande légitime de la Russie, faite en son temps par Gorbatchev , promise et jamais respectée par les Occidentaux. Les accords de Minsk de 2014, menés par l'Allemagne et la France, n'ont pas été respectés par le gouvernement ukrainien, et la Russie a compris que les Européens, compte tenu des divergences internes, de l'arrimage atlantiste de certains pays de l'Est, sont dans l'incapacité d'une action efficace; elle négocie désormais avec le maître américain
plutôt qu'avec ses vassaux européens.
La démarche de Macron est bien tardive, sent la rodomontade électorale, si elle ne dit rien de clair sur la nécessité de stopper les coopérations croissantes de l'Ukraine avec l'Otan, ni sur l'alliance Turquie/Ukraine qui va jusqu'à la livraison de drones de la première à la seconde . Macron porte la vision d'une Europe avec une défense intégrée et une structure politique fédéraliste visant à réduire encore les marges de manœuvre de notre pays et accentuer la tutelle du capital international sur nos choix.
C'est à l'opposé de notre conception de l'UE en tant qu'association des peuples et nations libres et souverains.
Combattre l’hégémonie américaine, c'est aussi transformer profondément les institutions internationales, faire reculer le rôle du dollar comme monnaie mondiale, promouvoir d'autres relations avec les pays émergents.
Nous n’emboîtons le pas ni à l'européisme béat et fédéraliste qui, hors Mélenchon, est la posture dominante à gauche, ni à celui des souverainismes nationalistes: nous portons la visée d'un nouvel ordre mondial coopératif qu'il est important de mettre aujourd'hui sur le devant de la scène
Evelyne Ternant
Secrétaire Régionale PCF Franche-Comté