"Il faut toucher du doigt le fascisme pour bien le comprendre" écrivait récemment José Fort dans l'Huma,
Dimanche soir, il y aura forcément un ou une présidente élue , rien dans la constitution ne prévoit qu’il en soit autrement, et que le vainqueur soit Emmanuel Macron ou Marine Le Pen, les premières victimes seront sans aucun doute les prolétaires ainsi qu'une bonne partie de la petite bourgeoisie en voie de prolétarisation.
S’il y a peu de différence de fond entre les politiques sociales et économiques que mène Emmanuel Macron et celles que pourrait mener Marine Le Pen, il reste toutefois une différence fondamentale entre leurs deux idéologies.
E.Macron est un bourgeois au service de sa classe , mais cependant l'histoire de toute société jusqu'à ce jour n' a toujours été que l'histoire de la lutte des classes et dans cette lutte historique, faite d’avancée et de recul notre camp social à su forger quelques outils précieux parfois voir souvent, chèrement payés.
Par le débat d'idées, par l’ émergence d'une conscience de classe , par l'organisation des travailleurs et travailleuses, par la grève, par l’établissement de rapports de force , il a été possible d’obtenir de véritables avancés favorable à la classe ouvrière comme à l’ensemble de la population.
E Macron est sans conteste un ennemi de notre classe, mais c’est la domination de sa classe sur la notre qu’il nous faut combattre et non l’individu Macron.
A contrario, l’idéologie fasciste ou néo-fasciste ne se pose pas en termes de lutte de classe, le fascisme c'est la négation de l’humain en tant qu’individus, je te hais parce tu es noir, arabe, juif , je te déconsidère parce que tu parles une langue différente, que tu n'as pas le même accent ou les mêmes mœurs , que tu es né-e ailleurs, je te hais pour ce que tu es et que tu ne peux changer en toi , ce qui fait que tu es toi et que tu n'es pas moi, ta culture, ton orientation sexuelle, ton genre, ta couleur de peau, tes idées .
Face à cela, aucun débat, aucune réponse n'est possible, nous ne sommes plus là classe contre classe, les différences attisent la haine, c'est la violence et l'irrationnel qui mènent le bal. L'autoritarisme, les mesures coercitives et réactionnaire, la suppression des droits syndicaux, l'arbitraire policier et étatique , ne laissent que peu de champ d'action a qui voudrait contester ou revendiquer ou simplement exister en tant que personne.
Marine Le Pen au pouvoir c'est Macron plus la fin du droit à l'avortement et de la laïcité, c'est la fin d'une république solidaire au profit d’une société ségrégationniste, c'est la réécriture de l'Histoire au profit d'un roman national, c’est la fin des aides à la presse indépendante,c'est la culture et la science muselée, c'est Liberté Égalité Fraternité remplacée par Travail, Famille, Patrie.
La répression avant la justice, c'est un retour en arrière mortifère .
Alors oui, Macron par ses réformes , son mépris, sa violence sociale prépare activement le lit du fascisme cette idéologie qui dans toutes les périodes de crise économique a toujours été le précieux allié d'une classe bourgeoise bien trop heureuse de déléguer l’autoritarisme dont elle a besoin pour préserver ses profits
Mais il n’en reste pas moins que Marine Le Pen l'héritière politique des collabos et de l'OAS, l’amie de Poutine, Bolsonaro et Orban, se positionne un cran au-dessus de ce néo-libéralisme décomplexé que nous connaissons, son arrivée au pouvoir serait un terrible indicateur de la cruauté de la crise économique et sociale en cours et de la dureté des combats qu’il nous faudra mener pour s’en débarrasser.
Afin de contrecarrer la baisse tendancielle des taux de profit , le capitalisme n’hésite pas à recycler de vieilles recettes mainte fois éprouvées que ce soit dans l’Espagne Franquiste, l’Italie de Mussolini, la Grèce des colonels, le Chili de Pinochet, et ceux qui prétendent que nous n’avons jamais essayé le RN au pouvoir sont au mieux des ignares et au pire des imbéciles, c’est une contre-vérité historique.
Cette cuisine infâme elle est aujourd’hui à l’œuvre en Hongrie, en Ukraine, en Pologne au Brésil, avec son lot de régression sociale et sociétale et son cortège d’intimidation et de répressions politiques et syndicales, de stigmatisation, d’exclusion et de rejet.
Lui barrer la route n’est qu’une solution provisoire, un pis allé, une fragile rustine tant les conditions de l’effondrement du capitalisme et nos capacités à l’accompagner à nous organiser sont aujourd’hui une question cruciale.
Il n’y a aucune certitude que Marine Le Pen l’emporte ce dimanche, mais il y a un risque et il est non négligeable, le populisme et le dégagisme on fait des ravages, et le manque de repère d’une partie des électeurs et électrices ,les pudeurs de gazelle qu’ont certains dès qu’il s’agite d’appeler explicitement à utiliser un simple bulletin de vote au nom de Macron, sont autant de facteurs augmentant ce risque.
Face à ce danger j’utiliserais sans aucune hésitation ni honte ce carré de papier au nom de Macron pour barrer la route du pouvoir au Rassemblement National, avec la conscience aigu qu'il est de plus en plus urgent d'offrir de véritables perspectives politiques.
R.B