Une tribune libre est publiée sous la responsabilité de son auteur, elle n'engage ni la section Oswald Calvetti ni le PCF.
Peuples d'Europe debout!
Banderole des Communistes grecs (KKE)
Un peu d'histoire:
Les accords de Munich furent signés entre l'Allemagne nazie, la France, le Royaume-Uni et l'Italie, représentés respectivement par Adolf Hitler, Édouard Daladier, Neville Chamberlain et Benito Mussolini à l'issue de la conférence de Munich, tenue du 29 au 30 septembre 1938.
Ces accords devaient mettre fin à la crise des Sudètes mais, indirectement, ils scellaient la mort de la Tchécoslovaquie.
La France avait un traité d'alliance avec la Tchécoslovaquie mais Daladier ne souhaitait pas entrer en guerre. Il abandonna la Tchécoslovaquie à son sort.
En France, les accords de Munich ont fait consensus, seuls les communistes ont voté contre leur ratification à l'assemblée
A son retour en France, Daladier pensait être hué pour avoir cédé à Hitler, les accords de Munich livrant aux nazis la Tchécoslovaquie sans presque rien demander en échange sinon de vagues promesses de paix. A sa grande surprise, il fut vivement acclamé pour avoir « sauvé la paix ». La même réception attendait Chamberlain en Angleterre.
Winston Churchill déclara dans le Times du 7 novembre 1938 : « Ils devaient choisir entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur et ils auront la guerre ».
Ce qu'en disait l'Humanité: « L’accord de Munich est un Sedan diplomatique »
Nous ne prendrons pas place dans la brigade des acclamations. Nous n’écrirons pas que l’accord de Munich a sauvé la paix. Nous enregistrons que M. Daladier vient de souscrire au dépècement d’un peuple libre. Nous sommes persuadés que la menace que courent les millions d’hommes en France et en Europe est plus grave aujourd’hui qu’elle n’était hier. Nous n’applaudissons pas parce qu’il n’est pas dans la tradition française d’applaudir aux violations du droit. Nous n’applaudissons pas parce que nous croyons qu’on affaiblit la paix chaque fois qu’on affaiblit la sécurité française et que l’accord de Munich est un Sedan diplomatique.
Ceux qui reviennent de Munich avec ce bagage peuvent essayer de se faire pardonner. Mais ils manquent de pudeur lorsque, gagnés par la contagion, ils prennent debout sur leur voiture des poses de Premier consul. Non ! Nous n’applaudissons pas ! (…)
Aujourd’hui, l’armée allemande fera son entrée dans la région des Sudètes. Dans les jours qui viennent, le territoire sera complètement occupé. Que vaudront les frêles barrières de la commission internationale ? Qu’on imagine le sort de dizaines de milliers d’hommes et de femmes, de Tchèques, de juifs, de socialistes, de communistes, de démocrates qui, en dépit des procédures fragiles imaginées in extremis, seront livrés au couteau de l’égorgeur. Non, on n’a pas le droit de prostituer le beau nom de paix en l’accolant à ces opérations punitives.
Qu’on ne s’y méprenne pas, au moins ! Non l’effondrement de Munich, ce n’est pas la politique du Front populaire, pas plus que la frauduleuse non-intervention en Espagne. Non, la prime à l’agresseur, le dépècement des peuples libres, le manquement à la parole donnée, ce n’est pas la politique du Front populaire. C’est tout ça que les partis du Front populaire avaient juré de combattre. Nous, nous tenons notre engagement.
L’Humanité, 1er octobre 1938.
Des accords de Munich aux accords de Bruxelles
A la lecture de cette triste évocation comment ne pas faire le parallèle avec la tragédie que vit le Peuple grec ?
En 1938, le Capital, revêtu son habit brun, mettait aux pas les Sudètes en profitant de la complicité des capitalistes anglais et français représentés par Chamberlain et Daladier. Bien sûr, de profits et d'exploitation, il n'était nullement question: on sauvait la Paix.
En 2015, le Capital en habit de l'Union Européenne, frappe le Peuple grec en suçant ses biens, ses revenus, ses retraites; cela au grand soulagement de tous ceux qui ne veulent pas le combattre. Les uns par intérêt ou conviction, les autres par ce qu'ils pensent benoîtement qu'on peut l'apprivoiser ou l'apitoyer. Bien sûr d'austérité, de profits et d'exploitation, il n'est nullement question: on sauve l'Euro.
Il n'existe pas d'alternative à l'intérieur du capitalisme
Après le traitement infligé par l’Union européenne au Peuple grec, qui pourrait encore croire à la possibilité d'infléchir sa politique?
Tous les programmes prévoyant la fin de l'austérité apparaissent, aujourd'hui, irréalistes et dérisoires. Qui voudrait encore se fier au raisonnement : "le SMIC à 1700 euros, la retraite à 60 ans, la fin de la précarité? D'accord cela nécessite de violer les règles de l'Union mais par notre fermeté nous la forcerons à y consentir"?
En France, comme en Europe, les stratégies visant à construire une alternative de “gauche” à l’intérieur du capitalisme sont battues en brèche et décrédibilisées. Il n'y a pas d'alternative à l'austérité à l'intérieur de ce système puisque l'austérité en est la logique-même. Fallait-il la souffrance redoublée des Grecs pour que nous en prenions conscience?
Aujourd'hui démonstration est faite, c'est au capitalisme qu'il nous faut rechercher une alternative.
Refusons ce nouveau Munich
La question n'est pas de savoir si nous devons être hors ou dans l'Union Européenne. Croire que nous aurions le choix c'est se leurrer sur sa nature: l'Union Européenne c’est l'outil du capital pour exploiter les peuples, qu'ils soient d'accord ou pas. Une chose est certaine : si nous voulons nous libérer nous devrons l'affronter et peu importe que l'on veuille y rester ou en sortir.
Dès lors, créer les conditions pour sortir victorieux de cet affrontement est la seule tâche qui importe. Désigner l'adversaire: le capitalisme et se doter d’une organisation efficace et puissante pour le terrasser est certes nécessaire mais, sans le courage de refuser le Munich contemporain et ses vaines illusions, cela ne serait qu'agitation impuissante.
Aujourd’hui, entre accepter Munich et affronter le Capital il faut choisir. En 1938 les communistes ont su faire le bon choix, puissent-il y rester fidèles en 2015.
Aujourd'hui plus que jamais, soyons au côté des Grecs qui, refusant le déshonneur, restent debout face au Capital. Ce mercredi, ils manifesteront à Athènes, faisons en sorte que leur cri de guerre soit repris par tous les peuples d'Europe!
Enver
Militant communiste de la Section Oswald Calvetti
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11-12-13 septembre 2015
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