Rien de plus banal pour un grand capitaliste que le comportement de Gérard Mulliez, actionnaire du groupe Auchan et troisième fortune française. Il prétend créer des emplois mais, en fait, il vit de l'exploitation des salariés (et surtout salariées) de son groupe. Non content d'accumuler des profits énormes, il habite en Belgique et nous laisse payer les impôts. Un telle conduite méritait bien une reconnaissance émue du gouvernement socialiste: un cadeau au groupe Auchan de 126 millions d'euros de cadeau du CCE.
Ainsi va la logique du capital et si les communistes y trouvent à redire, Monsieur Mulliez est mécontent, comme le rapporte l'article ci-dessous publié par La Voix du Nord .fr.
R.C.
« La scène était surréaliste ». Les jeunes militants communistes n’en reviennent toujours pas. Le local de la rue d’Artois, à Lille, était rempli comme chaque mois d’une vingtaine de personnes venues discuter de l’action politique à mener. Quand soudain… « J’ai vu un monsieur pousser la porte, témoigne Pascal, un militant. Je l’accueille, il me regarde et il me dit : Vous n’êtes vraiment pas gentil avec moi » L’entrée de la troisième fortune de France dans le local passe presque inaperçue, le militant ne saisit pas les propos de son interlocuteur. Les conversations se poursuivent. La vingtaine de jeunes est en réunion. « Puis il enlève sa casquette et dit Vous voyez l’affiche là-bas. Et là j’ai réalisé que c’était Gérard Mulliez ». Dans la salle quelqu’un s’écrie même « Ah, mais c’est Gérard Mulliez ! ». Le patron fondateur d’Auchan, actuellement président d’un comité stratégique pour le groupe, a peu apprécié la nouvelle affiche du Parti communiste imprimée à 8000 exemplaires dans le Nord. Il y est représenté au-dessus d’une ouvrière, avec un écart de salaire mirobolant, et barrée du slogan « Ils empochent, nous produisons ».
« Lavage de cerveau »
Désigné comme « actionnaire, milliardaire et profiteur de la crise » M. Mulliez se défend face à une salle ébahie de sa présence : « Je crée des emplois avec mes magasins ». On lui répond : « Oui, mais les salariés vous permettent de verser des dividendes toujours plus grands aux actionnaires alors qu’ils sont étranglés et exploités ». Le dialogue se poursuit, ferme mais courtois : « C’est du charabia idéologique » aurait répondu M. Mulliez, selon un militant. Le grand patron parle même de « lavage de cerveau » selon Quentin Le Matt, le secrétaire fédéral du Nord des Jeunes communistes. Gérard Mulliez n’a par contre pas évoqué un éventuel recours en justice pour interdire l’affiche. Il semblait même ne s’intéresser, selon les militants, qu’à l’exemplaire affiché en devanture du local des Jeunes communistes.
« Une Range Rover garée en double file »
Le milliardaire, âgé de 83 ans, poursuit face aux jeunes : « À votre âge j’avais déjà ouvert mon premier magasin ». Le débat prend fin au bout cinq minutes. Gérard Mulliez repart dans une Range Rover. La légende du Gérard Mulliez roulant en voiture modeste en prend un coup. « Je suis sûr du modèle de la voiture… Elle était garée en double file » témoigne Quentin Le Matt.
Pour les jeunes communistes, la leçon n’a pas été entendue comme le patron l’aurait souhaité : « Il s’agit de l’illustration parfaite de la lutte des classes avec un patron totalement déconnecté de la réalité, conclut Pascal. Il a eu le courage de venir, mais après il est reparti confortablement, alors que les salariés continuent de lutter. »
Pas rancuniers, les Jeunes communistes ont fait savoir via un communiqué de presse, ce dimanche après-midi, qu’ils invitent « publiquement monsieur Mulliez à venir débattre prochainement sur le coût du travail et le coût du capital ». L’invitation est lancée.
Alexandre Seba pour La Voix du Nord