Conseil Départemental des Alpes Maritimes: la motion de la honte contre l'accueil des réfugiés
(communiqué des élus communistes et républicains, 23 septembre 2016)
lundi 26 septembre 2016
51 des 54 conseillers départementaux des Alpes-Maritimes ont osé voter hier une motion contre le déploiement des migrants dans le département en réponse à la décision du gouvernement de créer d’ici la fin de l’année 9000 places dans des centres d’accueil et d’orientation (CAO) répartis sur tout le territoire, afin de soulager le Calaisis dont plusieurs communes font face au quotidien à une situation insoutenable.
Le Conseil départemental exprime son « opposition totale et déterminée » au projet de répartition des migrants de Calais dans les régions. Le Président Ciotti estime que « ce projet est une honte pour la République et représente une menace pour le pays » et que « les Alpes-Maritimes ont déjà largement pris leur part dans cette problématique ». Selon lui « la gauche est d’une naïveté coupable » ! Selon lui « la fermeté est la seule garantie de l’humanité à l’heure où l’asile est devenu la voie légale de l’immigration illégale ». Les élus laissent ainsi entendre que le département peuplé de plus d’1 million d’habitants ne pourrait accueillir quelques centaines de réfugiés !
En septembre dernier, l’Union européenne avait décidé de réinstaller d’urgence 160 mille migrants à répartir dans les pays de membres d’ici septembre 2017. A ce jour seuls 2 mille d’entre eux, soit 1,42% ont été relocalisés. La France qui avait promis d’accueillir 30 mille réfugiés n’en a reçu que 735 soit 3,72%. Qui parle d’invasion ?
Dans la droite ligne des idées exprimées par le Front National, le maire de Saint-Laurent du Var Joseph Segura a même cru bon d’opposer les migrants aux laurentins concernant l’attribution de logements sociaux !
Quand à Colette Guidicelli plutôt que de s’attaquer aux passeurs elle a osé affirmer que les migrants feraient peu de cas de leurs enfants naufragés en Méditerranée !
Quelle honte !
Depuis le 1er janvier plus de 3000 migrants ont trouvé la mort en Méditerranée, un chiffre en hausse de 15% par rapport à l’an dernier. La mare nostrum est devenu un véritable cimetière marin.
La solidarité est devenue oh combien nécessaire puisqu’en 2015 ce sont plus de 65 millions de personnes qui ont été forcées de se déplacer dans le monde, fuyant les guerres, les catastrophes climatiques ou encore la famine.
50 millions d’enfants ne vivent pas dans le pays où ils sont nés. 28 millions en ont été chassés par des conflits. En 2015, 100 mille enfants n’étaient pas accompagnés. Un récent rapport de l’UNICEF intitulé « Déracinés, une crise de plus en plus grave pour les enfants réfugiés et migrants » dénonce les violences qu’ils subissent dans leur pays, durant leur voyage mais aussi à leur arrivée dans les pays de destination, et pour ceux qui sont scolarisés dans les écoles. On sait que les migrants se retrouvent dans des camps de fortune, où leurs droits fondamentaux, comme le droit d’asile ne sont pas appliqués. Là encore les états ne remplissent pas leurs obligations.
A la mi août, 260 mille migrants sont entrés sur le sol européen malgré la fermeture des frontières et l’accord honteux passé entre l’Union européenne et la Turquie.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés estime que l’Europe peut répondre à la crise des migrants, qu’aucun état ne peut répondre individuellement, que ce doit-être une réponse collective et pourtant on le voit avec les chiffres, excepté l’Allemagne, les autres pays dont la France ne respectent pas leurs engagements. Tout récemment le secrétaire général de l’ONU Ban-Ki-moon, avait proposé que chaque pays membre s’engage à accueillir chaque année 10% des réfugiés. Une proposition rejetée du fait de l’opposition de nombre d’états.
Face à cette tragédie inacceptable que les gouvernements, tout préoccupés qu’ils sont à créer un corps de garde-frontières européen, observent sans s’ émouvoir et sans prendre les décisions humanitaires qui seraient l’honneur de l’Europe, ce sont des associations humanitaires qui prennent le relais des états défaillants. Comme le préconise le groupe Gauche Unie Européenne au Parlement et notamment l’eurodéputée Front de Gauche du Sud-est Marie Christine Vergiat l’Union Européenne doit changer de paradigme en matière de migrations, la migration doit être un choix et non une nécessité.
Les 51 élus ayant voté la motion de la honte feraient bien de relire la déclaration de l’Association des maires de France portée par François Baroin qui n’est pas un homme de gauche : « L’AMF réaffirme le principe de solidarité avec les réfugiés fuyant les zones de guerre et de violences ; réitère sa position de privilégier le volontariat des communes pour accueillir des migrants sur leur territoire pour que le schéma national, mis en oeuvre par les préfets, se fasse dans une démarche de dialogue et de concertation préalable et tienne compte de la capacité d’accueil mais aussi des conditions économiques, sociales et financières des communes. L’AMF insiste sur l’importance d’une répartition géographique équilibrée, tenant compte des données économiques, sociales et démographiques des territoires, faite en concertation avec les élus, et ce afin de faciliter l’acceptabilité de cet accueil pour les populations ».
Depuis des mois plusieurs centaines de réfugiés arrivent régulièrement à Vintimille et cherchent à passer la frontière française. Des dizaines passent par la Roya et la Bévéra et arrivent en France malgré la fermeture des frontières. Certains meurent sur les voies de chemin de fer. Dans la nuit du 5 au 6 septembre dernier, un jeune réfugié est décédé sous le viaduc de l’autoroute A8, à la hauteur de Sainte-Agnès. Des humanistes solidaires qui les aident sont interpellés.
La secrétaire départementale du Parti communiste Français a rencontré le 13 septembre le préfet des Alpes-Maritimes au sujet de ces réfugiés. Selon Le Patriote de ce jeudi, il n’y aurait selon lui que très peu de demandes d’asile, la plupart ne voudraient pas rester en France. Selon l’hebdomadaire il aurait indiqué « qu’il n’appartient pas au préfet des Alpes-Maritimes d’organiser la solidarité » et il aimerait que les « passeurs solidaires » soient déférés devant le tribunal. Il aurait encore précisé que les Alpes-Maritimes ne devraient pas être candidates à la répartition des hébergements !
Les élus communistes et républicains apportent leur solidarité aux passeurs solidaires.
Ils exigent du préfet qu’il ouvre des négociations avec les maires du département pour lister les possibilités d’accueil et comme le propose la Fédération des Alpes-Maritimes du Parti Communiste Français, qu’il ouvre des centres d’accueil temporaires dans lesquels les migrants pourraient faire valloir leur statut de réfugiés en attendant leur choix du pays de destination. Cela pourrait-être dans l’ancienne base militaire de Roquebrune Cap Martin, dans des bâtiments de l’ancien hôpital Saint-Roch à Nice ou dans l’ancienne douane de Breil-sur-Roya.
De plus, depuis près d’un an, environ 40 mineurs étrangers sont hébergés à l’internat du CIV (Centre International de Valbonne), sans être scolarisés. Il est urgent que le Conseil Départemental mette en place des mesures pour que ces jeunes soient scolarisés comme le prévoient les textes internationaux.
Nice le 23 septembre 2016