Rouge Cerise publie aujourd'hui, dans sa tribune libre, une analyse de Gauthier Hordel, extraite de son article "Après les législatives, où va le PCF ?".
Elle pose quelques questions de fond aux quelles il semble nécessaire de réfléchir si nous voulons éviter la liquidation de notre Parti et lui redonner l'efficacité nécessaire pour permettre l'abolition de l'exploitation de l'homme par l'homme et r l'avénement de la société communiste qui permettra à chacun de donner selon ses capacités et de recevoir selon ses besoins. Notre but.
Enver
(illustration choisie par RC)
L’élection de 11 communistes ne permet pas de cacher l’affaiblissement d’un parti qui s’accentue élection après élection.
Réunis le 24 juin, le Conseil National a élaboré une résolution (1) abordant la nécessaire transformation du PCF face à des résultats qui posent question sur l’avenir du parti et des changements politiques.
S’il est vrai qu’une remise en question de notre parti est strictement nécessaire, il est regrettable de constater que cette résolution n’aborde pas le point le plus central, celle de la nature du programme que l’on défend actuellement. Car s’il y a un point déterminant pour l’avenir du parti, c’est bien celui-ci. Les thèmes de la résolution n’abordent que les problèmes « en surface » et ne rentrent pas au cœur du programme qui détermine la nature de notre parti. La résolution se résume à la transformation de l’image du parti, en évitant les questions de fond. L’idée de Pierre Laurent selon laquelle le parti devrait changer de nom exprime très bien la superficialité de l’analyse. On ne s’intéresse qu’à l’emballage. Le contenu ne fait pas l’objet de la discussion. Prenons un des points de la résolution : « Quelle stratégie de transformation concrète de la société, comment devenir un parti de la conquête citoyenne, dans une visée révolutionnaire ». À elle seule, cette phrase démontre la superficialité des dirigeants qui font mine de vouloir révolutionner le parti sans toucher aux problèmes les plus fondamentaux.
Avant d’’avoir « une stratégie de transformation de la société dans une visée révolutionnaire », il faut avoir un programme révolutionnaire. Il n’y a ici aucune remise en cause du programme, pourtant c’est de là que tout part.
Le programme du PCF malheureusement n’est pas révolutionnaire, n’est plus révolutionnaire. Il ne suffit pas d’utiliser le mot révolutionnaire pour être un révolutionnaire, il s’agit là d’une manœuvre de détournement du problème. Si l’on devait qualifier la nature du programme du PCF, il serait d’un point de vue économique keynésien (2), c’est-à-dire la relance de l’économie capitaliste par l’investissement public. Certes, il comprend des revendications de progrès social, mais ne remet pas en cause la propriété capitaliste des moyens de production. Ce dernier point est évacué du programme ou abordé de façon très superficielle dans la seule défense des services publics.
Un programme révolutionnaire ne cherche pas seulement à défendre les conquêtes sociales ou à combattre l’austérité, il aborde le thème central nécessaire pour toute perspective de progrès social à notre époque : l’abolition de la propriété privée des moyens de production et d’échange, en tout cas pour ce qui concerne les grands leviers de l’économie. Karl Marx écrivait dans le manifeste du parti communiste en 1847 : « En somme, les communistes appuient en tout pays tout mouvement révolutionnaire contre l’ordre social et politique existant. Dans tous ces mouvements, ils mettent en avant la question de la propriété à quelque degré d’évolution qu’elle ait pu arriver, comme la question fondamentale du mouvement ». À l’époque, cette idée devait paraître plus difficile à justifier que ça ne l’est aujourd’hui. La propriété capitaliste était bien plus morcelée qu’elle ne l’est aujourd’hui, où les grands leviers de l’économie sont fortement concentrés dans les mains d’une petite minorité de capitalistes.
Notre programme devrait mettre en avant la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle des travailleurs pour qu’ils ne servent plus des intérêts privés dans une logique concurrentielle. Nous avons déjà évoqué la situation politique de la Grèce. Dans ses aspects fondamentaux, le programme du PCF ne se distingue pas de celui de FI qui, à son tour, ne se distingue pas de celui de Syriza. Ce sont des programmes réformistes d’inspiration keynésienne, comme le reconnait Jean-Luc Mélenchon lui-même d’ailleurs. Supposons qu’à la faveur d’un mouvement de lutte contre la politique menée par Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon arrive au pouvoir de la même manière que Syriza. Jean-Luc Mélenchon et la FI rencontreraient dans ce cas les mêmes obstacles qu’Alexis Tsipras en Grèce. Leur programme laisserait intact la propriété capitaliste. Le pouvoir économique des capitalistes leur permettrait de saborder la politique de réforme sociale du gouvernement. En dernier lieu, à défaut de mesures décisives pour briser le pouvoir capitaliste, un tel gouvernement serait contraint de renoncer à son programme. Tel est le sort de tout gouvernement réformiste qui ne remettrait pas en cause le pouvoir économique de la classe capitaliste.
La tâche principale des militants du PCF est de changer le parti sur ces questions de programme et de projet de société, en passant par l’amélioration de la démocratie interne. Il nous faut lier les revendications immédiates à un programme général de société, le communisme. Nous ne pourrons faire avancer l’humanité qu’à travers la réalisation d’un tel programme.
Même si le PCF est affaibli, il reste malgré tout une force puissante qui doit maintenant renouer avec son passé révolutionnaire. Si le parti ne s’oriente pas vers cette voie, son affaiblissement ne fera que continuer et, à terme, posera la question de son existence même.
Gauthier Hordel, PCF Rouen
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