
(Ma chronique sur la radio web Radio Arts-Mada tous les lundi entre 19h et 19h 30)
Hier soir, alors que l’édition 2018 de la fête de l’Humanité prenait fin, je ne pouvais m’empêcher d’exprimer mon étonnement à mon entourage. J’ai plusieurs dizaines de fêtes de l’Huma au compteur, j’en ai vu des sous la flotte, sous le soleil, et en fonction des événements, des graves, des plus sereines, mais avec toujours une constante : l’enthousiasme, le sourire, l’humour et l’espoir. Et je suis toujours estomaqué par les foules réunies sans qu’aucun incident ne vienne ternir cette concentration de masse.
Vendredi, samedi et dimanche à La Courneuve, alors que le soleil brillait de mille feux, il y a avait joie et confiance à revendre.
Connaissez-vous un autre rassemblement festif et politique de cette dimension en France et même en Europe? Moi, pas.
Comment expliquer un tel succès ?
Les concerts de très haut niveau, bien entendu. La diversité des spectacles, pour tous les âges, certainement. La qualité des débats des plus petits aux plus grands, sans aucun doute. Le village du livre avec deux cents auteurs, évidemment. Le village du monde et 85 pays représentés, assurément. La gastronomie avec cette année une grande première le banquet préparé en public par une dizaine de grands chefs, indubitablement. Mais l’ingrédient essentiel pour réussir la mayonnaise est ailleurs : cette fête, à inscrire au patrimoine national, est celle de la fraternité, de la convivialité, des retrouvailles, de l’amitié et de l’action contre toutes les injustices en France et dans le monde.
Aucun autre journal que « l’Humanité », aucune autre formation politique que le Parti communiste peut réaliser un tel événement.
La fête est réussie grâce à une organisation parfaite à faire pâlir de jalousie les professionnels des grands événements. Mais, là encore, cela ne suffit pas. La clé de la réussite relève surtout de l’esprit militant. Ce sont des milliers d’hommes et de femmes, certains sur leur temps de vacances, qui comme on dit « montent » la fête, construisent les stands qu’ils animent pendant trois jours bénévolement. Et puis le jour J, le professeur de fac devient cuisinier tandis que l’ouvrier d’entretien harangue la foule, l’ingénieur dresse les tables pendant que l’employé argumente devant le stand. Tel est le secret de cette fête qui reste et restera un bijou de la culture française, culture dans toute sa dimension.
Les feux de l’édition 2018 éteints, rendez-vous l’année prochaine.
José Fort
De nombreux bouts de films, de nombreuses photos racontent l’histoire de la fête depuis le début des années 1930. Ce soir, je vous propose une chanson qui conclut un film tourné en 1954 pour les 50 ans du journal « l’Humanité ». Ce film, « La terre refleurira », se termine sur la grande scène de la fête où tous les protagonistes chantent « La valse de l’Huma ».
« L'Huma dans toutes les mains.
Bonjour, bonsoir, bon matin.
Il y a le blé et le vin
Il y a la laine et le lin,
Et l'Huma dans toutes les mains,
Sur tous les chemins
L'Huma… »
Ecoutons « La valse de l’Huma ».
Quatre noms dans la fête
Quatre noms ont marqué cette fête : Ahed Tamimi, Salah Hamouri, Maurice Audin et Lula
Enfin, enfin, après 61 années de lutte, l’Etat français a reconnu sa responsabilité dans l’assassinat à Alger du mathématicien communiste Maurice Audin. L’inauguration de la Place à son nom vendredi à la fête de l’Huma en présence de sa femme a été un grand moment d’émotion.
Le nom de l’ancien président brésilien Lula, injustement emprisonné et interdit d’élection présidentielle au mois d’octobre prochain, alors qu’il était donné largement en tête dans tous les sondages, a retenti dans la fête. Il faudra tout faire pour sa libération.
Mais je veux, ce soir, évoquer particulièrement deux noms : Ahed Tamimi et Salah Hamouri.
Le lendemain de la libération de la jeune palestinienne Ahed Tamimi, Radio Arts-Mada a consacré une émission spéciale à cette jeune femme aujourd’hui âgée de 17 ans condamnée à des mois de prison pour avoir giflé un soldat israélien.
L’émotion était grande dans les allées de la fête de l’Huma lorsque Ahed, sa mère, son père et son frère sont arrivés. Cette jeune femme nous a tous impressionné par la clarté de ses propos, sa disponibilité, sa lucidité sur le sens de son combat. Bref, elle est vraiment un symbole de la jeunesse palestinienne en lutte pour vivre sur sa terre dans la liberté. Elle n’a pas manqué une occasion pour rappeler le sort des milliers de prisonniers palestiniens, parmi lesquels plusieurs centaines d’enfants, détenus dans les prisons israéliennes.
Nous avons vibré en écoutant Ahed, comme nous avons écouté avec émotion l’épouse de Salah Hamouri, évoquer l’emprisonnement sans aucun motif depuis plus d’un an de son mari, avocat franco-palestinien. Elsa Lefort, digne, a souligné l’absence de réactions des autorités françaises et le silence médiatique. Ahed libre, il nous faut sortir Salah des geôles de l’apartheid israélien.
Ahed Tamimi et Salah Hamouri, deux noms symbolisant la résistance. Bella Ciao, chant de résistance, a été traduit dans pratiquement toutes les langues.
Ecoutons la version réalisée en 2018 en Arabe.
Black Jaguar, Bella Ciao, Version arabe 2018, Casa de Papel.