Velleron : une victoire de l’intégrité et du travail de fourmi
Dimanche soir devant la mairie de Velleron, les commentaires allaient bon train. La liste de progrès emmenée par Philippe Armengol emportant l’élection municipale au premier tour avec plus de 56 % des voix a constitué une surprise de taille.
Pourtant, il y avait de bonnes raisons à ce succès.
Lassitude de l’équipe municipale sortante, usée et souvent considérée comme incompétente, hostilité certaine à l’encontre de la conseillère départementale FN dont le mandat a été marqué par l’inefficacité et les positions intégristes, enfin méfiance devant la 3ème liste de droite, présentée comme « apolitique » mais dont le responsable n’a pas hésité à parler de « souche pure » et à lancer un vibrant un appel aux électeurs FN/RN.
Soutien incontestable aussi de personnalités connues dans Velleron pour leurs opinions de droite – dont d’ancien-ne-s colistier-e-s d’une liste de droite républicaine aux municipales précédentes.
Mais les raisons fondamentales de ce succès sont ailleurs.
Il y a six ans, la liste emmenée par Bernard Senet manquait l’élection au second tour de 39 voix. Quatre candidats étaient cependant élus. Bernard lui-même, Philippe Armengol, Gilles Laugier et notre camarade Paulette Agnel. Au cours des six années qui ont suivi, la bande des 4 a abattu un travail colossal en s’appuyant sur un réseau de soutien qui n’a cessé de se ramifier et de s’étoffer. Réunions publiques, édition d’un bulletin d’information régulier informant des positions assumées au Conseil municipal, travail d’équipe, démarche démocratique à tous les niveaux.
Et, capital, refus des attaques de personnes et respect des individus. Et une intégrité totale, reconnue de la population.
Le succès des réunions publiques par quartiers dans la rue laissait clairement voir que quelque chose était en train de se passer. La façon dont nombre de Velleronnais, ayant pu juger du sérieux de leur travail et de leur programme, s’adressaient aux candidat-e-s de la liste, les témoignages de sympathie ouverte le confirmaient.
À titre personnel, j’avais envisagé un premier tour autour de 42 % et la victoire au second.
J’étais loin du compte !
La manière dont s’est passée la dernière semaine de campagne, la violence des tracts de la candidate FN à l’encontre de son propre frère, le maire sortant, et du chef de file de la 3ème liste de droite, lequel ne lui cédait en rien dans les propos outranciers et agressifs, ont, je pense, achevé de convaincre que ces gens-là n’étaient pas dignes de diriger et gérer la commune.
La victoire de la liste de progrès à Velleron a été aussi une victoire de la morale. Et, même s’il nous est arrivé de nous retrouver adversaires, moins souvent cependant que compagnons de combat, je m’en voudrais de ne pas rappeler que la victoire d’aujourd’hui c’est aussi le fruit du travail et de l’implication quotidienne et pugnace de Bernard Senet pendant des années.
Et si on parlait un peu du FN ?
Les médias avaient beaucoup glosé sur l’enracinement du RN (le FN travesti), en particulier dans notre département.
Certes, le maire du Pontet est réélu et la situation est inquiétante à Morières. Mais « Le Général » (qui donnait des cours à l’université de Marion Maréchal Le Pen) fait 15% de moins que le maire sortant à Carpentras, où pèseront beaucoup au second tour les 7% de Mina Idir, « Le Colonel » se ramasse à Monteux où le maire sortant est réélu au premier tour. Quant à Avignon, que la candidate Bleu-Marine allait conquérir de haute lutte, elle voit Cécile Helle faire bien mieux que prévu et aborder le second tour en très bonne position. Au risque d’être accusé de sadisme, je ne résiste pas à rappeler que Danièle Brun, conseillère départementale du Canton du Pontet, qui se voyait installée dans le fauteuil de son propre frère à Velleron, a fini en dernière position, malgré les prières des intégristes, bonne quatrième dans sa ville avec…7 % !
Un mot sur la Ligue du Sud (fondée par Jacques Bompard après des démêlés essentiellement financiers avec la maison-mère) : le parrain a raté le premier tour à Orange, une nouveauté ! Et sa délicieuse moitié peut (et doit) être battue à Bollène.
Ne triomphons pas ! Les causes qui ont favorisé le développement d’un parti jadis fondé par des miliciens, n’ont pas disparu, loin de là, et la politique de casse sociale et de démantèlement du Service public ne peut que renforcer les idées simplistes, les partis-pris haineux, l’exclusion et le rejet de l’autre et il nous faudra, plus que jamais, nous montrer vigilants et combatifs.
Roger Martin
(Demain, la suite de notre feuilleton. Épisode: Farid et Laurence ont pris des vacances.)