« l’ Humanité » du 23 octobre.
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Venesol , novembre 2019
(dessin choisi par RC)
Au lendemain de la large victoire de Luis Arce, candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS) à l’élection présidentielle, me reviennent en mémoire des images et des déclarations. Elles datent de 2019. C’était hier ou presque.
Sur la base de fausses informations, l’extrême droite bolivienne, l’armée et la police, soutenues par Trump et l’Union européenne se sont déchaînées contre tous ceux qui avaient des liens avec Evo Morales.
Des images comme celles des hordes fascistes incendiant les habitations de la famille de l’ancien président et de ses ministres, traînant dans la rue la maire de Vinto, Patricia Arce, tondue, peinte en rouge, le visage en sang, l’armée et la police assassinant des manifestants, jeunes pour la plupart. Les images aussi d’Evo Morales réfugié chez les siens, recherché par des tueurs et qui n’a pu survivre que grâce à une opération aérienne organisée par le Mexique et l’Argentine. Celles encore de la Wiphalla, le drapeau des peuples andins, brûlé par les putschistes brandissant la bible.
Me reviennent également en mémoire des déclarations sordides. Celles venues de Washington où s’était préparé le coup d’Etat. Celles de l’Union européenne et de Paris reconnaissant le pouvoir putschiste. Celles de ceux qui ont refusé de qualifier l’événement de coup d’Etat se réfugiant derrière des formules alambiquées comme « gouvernement de facto ».
Me reviennent aussi à l’esprit les mensonges repris notamment par nombre de médias français. (*) Ceux qui ont soutenu que l’élection d’Evo Morales était entachée de fraudes alors que, comme nous l’affirmions dans ces colonnes, souvent bien seuls, c’est l’Organisation des Etats Américains (OEA), appendice de Washington, qui a monté une opération d’envergure de déstabilisation, de fausses nouvelles et a incité la droite et l’extrême droite a déclencher les violences et à installer des fantoches au pouvoir.
Me reviennent à l’esprit ceux qui refusaient d’admettre qu’il y a bien eu coup d’Etat, ceux qui évoquaient, il y a deux jours encore, la « démission » de l’ancien président, ceux qui ont qualifié Morales « d’apprenti caudillo », de « fraudeur » et interprété la sédition fasciste comme une « insurrection populaire ».
Le peuple bolivien insulté et réprimé pendant de longs mois vient de prendre sa revanche sur l’arbitraire et les racistes fortunés. Il faut s’en réjouir tout en restant lucide. Il y a des erreurs à ne plus commettre : les fascistes boliviens, l’armée et la police, encouragés par Trump risquent de ne pas rester l’arme au pied. Une question donc se pose : la pression populaire sera-t-elle suffisante pour empêcher les sales coups ?
Luis Arce, ancien ministre de l’Economie d’Evo Morales, définira sa propre politique. Lui, c’est lui. Mais pour accomplir la tâche qu’il s’est fixé « conduire le processus de changements sans haine », il lui faudra épurer l’armée et la police au risque sinon d’être, un jour où l’autre, victime d’un même coup d’Etat que son prédécesseur.
José Fort
(1) journaliste, ancien chef de la rubrique internationale de « l’Humanité »
(*) On relira, par exemple, l'article du Monde du 18 novembre 2018 (note de Rouge Cerise)
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