Édito de Liberté hebdo
Il fallait bien s’y attendre. On peut toujours jouer sur les mots selon qu’elle est déjà parmi nous ou qu’elle arrive dans les hôpitaux, la quatrième vague de la pandémie n’est pas une vue de l’esprit. De la même façon, personne ne pouvait raisonnablement imaginer que le variant Delta limiterait son rayon d’action au sud-ouest de la France !
C’eût été à la fois irréaliste et méprisant pour les habitants de cette région. On peut croire le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, quand il assure que le covid ne nous lâchera pas de sitôt. D’autres variants arriveront, d’autres mesures seront nécessaires, une troisième vaccination sera sans doute préconisée, voire imposée.
Raison de plus, dirons-nous, pour ne pas faire obstacle à la vaccination et au pass sanitaire. Certes, en attendant un traitement sérieux, le vaccin apparaît comme le seul rempart crédible. On peut ainsi refuser d’entendre -ou simplement ne pas comprendre- celles et ceux qui s’opposent aux mesures sanitaires et qui le crient dans la rue.
Encore une fois, ceux qui s’affichent avec une étoile jaune ou une évocation du nazisme sont condamnables. De la même façon, représenter Emmanuel Macron avec les attributs d’Hitler ou promettre la guillotine aux élus qui, comme le maire de Roubaix, ont soutenu le chef de l’État dans une tribune publiée mi-juillet, est simplement stupide.
La haine ne peut être le support d’un combat juste. Cela posé, il n’en demeure pas moins que le gouvernement, et le président lui-même, ont choisi la pire des méthodes en voulant passer en force. C’est retomber dans les erreurs d’interprétation qui ont été commises -pas seulement par eux- lors de l’irruption des Gilets jaunes. Qu’il y ait des extrémistes tendance facho parmi les manifestants est une chose. La réalité va beaucoup plus loin.
Les reculades ou fausses reculades du gouvernement sont révélatrices d’un grand malaise.
Il est tout de même honteux de menacer des salariés, fussent-ils soignants, de licenciement s’ils refusent le vaccin. Il est tout aussi insupportable de leur promettre une suspension de salaire. C'est même proprement ignoble.
Il serait temps de cesser de parler des « classes populaires » sans s’y intéresser. L’interrogation du quotidien économique « Les Échos » est symptomatique et permet à elle seule, même et surtout si ce n'est pas son objectif, de comprendre le côté obtus de ceux qui nous gouvernent.
Le journal s’inquiète en effet que 16% des Français, notamment issus des classes populaires, ne veulent pas se faire vacciner. Celui que l’on nomme, à raison, le « président des riches » devrait savoir que ces personnes se fichent complètement des restrictions qu’il veut leur imposer. Ils ne vont pas, ou si peu, au spectacle. Ils mangent peu dans les restaurants. En revanche, s’ils ne « savent » pas pourquoi la vaccination est indispensable, c’est peut-être parce qu’ils ne s’inscrivent pas dans la logique d’une société qui les a rejetés et les a fait décrocher.
Enfin, comment peut-on faire admettre leur responsabilité à des gouvernants dont le ministre de l’Éducation en personne dit vouloir « évincer » les élèves qui ne seront pas vaccinés ?
Tout est dit.