Monsieur de Lépinau, Orange, Mandela et les Caca-boudin… Par Roger Martin

Comme on ne le sait pas forcément, les élus FN au Conseil régional – d’ailleurs peu assidus pour certains – ont préféré attendre lors de la dernière séance la fin de la minute de silence en l’honneur de Nelson Mandela pour pénétrer dans la salle.

Il y a là une certaine logique: le milliardaire Le Pen et ses amis, au moins, ne versent pas de larmes de crocodile sur un révolutionnaire, communiste de surcroît, qu’ils ont insulté toute sa vie, contrairement aux Giscard et autres responsables politiques de notre pays qui ont préféré le régime sud-africain de l’apartheid à la lutte de libération menée par l’ANC.

 Mais ce que l’on sait encore moins c’est que dans la bonne ville d’Orange, administrée par un ancien partisan de l’OAS grand embaucheur de militants de l’ultra-droite fascisante, ville dont Hervé de Lépinau, Ligue du Sud ( comme il y a une Ligue du Nord en Italie, c'est-à-dire un ramassis de nostalgiques de Mussolini et de ses séides) entend faire le modèle de Carpentras une fois qu’il l’aura conquise avec l’aide de la députée, l’affiche qui rendait hommage à Mandela a été souillée par des excréments que l’on suppose humains.

Les militants antifascistes de la ville ont l’habitude des provocations et des menaces anonymes: les locaux du Parti communiste et du Front de Gauche sont régulièrement taggués, couverts de croix celtiques, d’autocollants racistes, les interventions de notre camarade Fabienne Haloui au Conseil municipal tournées en dérision, interrompues par des quolibets et des insultes, mais, cette fois, la haine est plus profonde encore, qui s’en prend au symbole d’une lutte exemplaire contre le racisme et pour l’égalité sociale.

Cependant, les antifascistes orangeois ne s’attendaient pas que les nazillons se conduisent comme les « petites hordes » que le socialiste utopiste Charles Fourier (1772-1837) avait assignées à la tâche peu ragoûtante de s’occuper des poubelles et des excréments dans le Phalanstère qu’il projetait de construire. Fourier en effet, partant du principe que 2/3 des garçons et 1/3 des filles entre 9 et 14 ans « aiment à se rouler dans la fange et la matière » - période caca-boudin dans l’analyse moderne -, avait estimé que pareille mission leur revenait de droit.

À Orange, cependant, les « petites hordes » devaient vraisemblablement comprendre des individus moins juvéniles, résidus des groupes radicaux Troisième Voie qui ont servi de vivier pour maint cadre de la commune.

Bref, Monsieur de Lépinau admire Orange et son chef de la Ligue, Jacques Bompart. Monsieur de Lépinau promet à Carpentras la même politique et le même avenir qu’à Orange. Il faut savoir que dans cette ville, les quartiers périphériques sont totalement abandonnés et ne doivent qu’à l’intervention du Conseil général de ne pas se transformer en ghettos. Même dans le domaine culturel, Bompart est son mentor. Comment, Francis Adolphe et son équipe ont organisé des concerts gratuits pour les jeunes Carpentrassiens ! Quelle honte ! Monsieur de Lépinau, heureusement, veille au grain. Dès qu’il sera maire, il réservera l’argent des contribuables à la seule culture provençale. Comme si on ne pouvait aimer à la fois la grande musique et le rock, les polyphonies corses et le reggae, le raï et l’opéra, la guitare électrique et l’épinette à défaut de l’épinau!

 Qu’on se le dise, Hervé de Lépinau sauvegardera les finances de la ville. Foin des spectacles gratuits ! Fi des soirées musicales ou théâtrales de qualité, même payantes. Au programme, fifres et tambourins et thés dansants, pièces de boulevard ringardes, récitals de chanteurs has been peu regardants sur leurs engagements.

 Et puis tiens, comme à Orange, une dernière économie : un micro, un seul, pour les séances du Conseil municipal. Réservé au maire, bien sûr, Hervé de Lépinau !

 Oui mais… Si, par malheur, les Carpentrassiens se montraient peu sensibles au chant de la sirène maréchaliste et à la mélopée envoûtante de son joueur de flutiau de suppléant et allaient réélire Francis Adolphe, cet agent des socialo-communistes, Hervé de Lépinau se retrouverait sans micro ?

On en reste sans voix !

Roger MARTIN

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 Hommage à Nelson Mandela

 Dimanche 15 décembre à 18H