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Notre Parti est né il y a 95 ans à Tours, il a été gravement endommagé, il y a 15 ans, à Martigues. Le 37éme congrès, convoqué en juin 2016, lui redonnera-t-il la formidable impulsion de ses débuts où au contraire  l'handicapera-t-il encore d'avantage? Tribune libre d'Enver, publiée sous la responsabilité de son auteur et n'engageant ni le PCF ni la Section Oswald Calvetti.

 

1920: on ne peut pas aménager le capitalisme

 

Le 25 décembre 1920, les socialistes français se réunissent à Tours pour leur 18ème congrès. Celui-ci s'achève, cinq jours plus tard.  Tandis qu'une minorité de congressistes reste fidèle à la SFIO (section française de l'Internationale Ouvrière), issue de la 2ème Internationale, la majorité se crée un nouveau mouvement, la section française de l'Internationale Communiste (SFIC), ancêtre du Parti communiste français.

 

Les socialistes affirmaient (et affirment toujours) qu’il est possible de réformer le capitalisme  dans le sens des intérêts du monde du travail. Cependant les délégués  constatent que ça ne marche pas :

•    La deuxième internationale (socialiste) a échoué : elle n’a pas évité la guerre de 14-18,
•    Le parti socialiste se montre incapable de faire voter au parlement des réformes sociales,
•    La CGT (à cette époque socialiste) est impuissante : les grèves tournantes de mai 1920, n'ont abouti à aucune avancée sociale mais  ont entraîné le licenciement de 18.000 métallurgistes,

Ils tirent donc la leçon de ces échecs et 2/3 d'entre eux fondent la section française de l'Internationale Communiste (SFIC), affiliée à la 3ème Internationale. Le Parti communiste est né. Son but, clairement affirmé, n’est pas d’aménager le capitalisme mais de le remplacer par le socialisme. 


A Tours, les délégués ont dit non à la guerre impérialiste, non au parlementarisme qui donne une place démesurée aux rôles des élus, non au réformisme, non au colonialisme, oui à l’internationalisme, oui au marxisme, oui à la classe ouvrière, oui à la solidarité envers les peuples opprimés et ils se sont donnés  un outil efficace  pour mener la lutte de classe qu’impose le capital: le Parti communiste français.


La mise en œuvre de ces résolutions sera plus compliquée et plus douloureuse  que prévue.  Il n’est pas question ici d’en faire le bilan  mais il faut noter qu'elle permit à notre parti d’être un acteur essentiel des luttes émancipatrices du 20ème siècle. 


Parmi toutes les avancées ainsi obtenues,  je voudrais en souligner une dont la perte s’avère aujourd’hui tragique. Le sociologue Julian Mishi en parle ainsi « Alors que de puissantes logiques sociales excluent les catégories populaires (ouvriers, petits paysans et artisans, employés des services…) de la vie politique, le PCF a effectivement réussi, pendant un temps, à contrer ces dynamiques inégalitaires. Tout un ensemble de dispositifs visaient à assurer l’accueil puis la promotion d’adhérents d’origine populaire, des adhérents qui avaient souvent commencé à militer au sein de leur entreprise à la CGT. Par ce caractère populaire, le PCF n’avait pas d’équivalent sur la scène politique et pouvait apparaitre aux yeux de beaucoup comme le porte-parole légitime de la   classe ouvrière ». 


2000:  au congrès de Martigues, on jette le bébé avec l’eau du bain


En 2000, le calamiteux congrès de Martigues privera la classe ouvrière de son Parti.

L'idée initiale était pourtant louable il s'agissait de permettre au Parti de pleinement prendre en compte les changements survenus dans la société: défaite du camps socialiste, développement d'internet, interconnection des économies nationales, etc...

Mais, sous la houlette de Robert Hue et dans la confusion suivant la défaite des pays socialistes, le congrès jettent  le bébé avec l’eau du bain. Il  ne propose  pas de nouvelles façons d'appliquer les principes marxistes il  les met  à la poubelle! Que ce soit sur la question de la classe ouvrière, de l’impérialisme, de la mondialisation, de la lutte des classes, de la Révolution, des alliances, du Parti, ils cherchent à tout prix à se séparer de thèses fondatrices du marxisme: plus de classe ouvrière mais « un mouvement citoyen », plus de socialisme mais « une société de partage » (une part pour le capital une part pour le travail ????!!!!).

Le bilan des décisions qui furent prises à Martigues n’a jamais été fait. Tout au plus peut-on constater, sans  bien sûr réduire les causes du déclin à cette seule explication, que notre Parti n’a cessé de depuis de dépérir…



2016: Remplacer le PS ou retrouver notre raison d’être?


Le 37éme congrès du Parti se tiendra du 2 au 5 juin.  Il est probable qu’on y retrouvera les questions débattues à Tours et à Martigues.

A coup sûr, ceux qui pensent qu’il est possible d’aménager un « alternative à gauche » à l’intérieur du système proposeront d'agréger notre Parti à un regroupement ectoplasmique de  « citoyens », de  type Syriza-Podémos. Leur objectif: remplacer et tenir le rôle de l'actuel parti socialiste en profitant du fait que celui-ci est  "carbonisé"  dans l’opinion par la politique de Hollande-Valls-Macron. 
 

Ceux qui ne croient pas à une "alternative à l’austérité" à l’intérieur du capitalisme s’intéresseront au moyen d’en sortir.  Leur préoccupation ne sera sans doute pas de refaire pour la nième fois un programme merveilleux (que l’on  n’appliquera pas plus que les précédents). Ils chercheront à mieux faire fonctionner le Parti pour qu’il puisse retrouver son rôle et son efficacité pour l’émancipation de tous les exploités; cela dans les redoutables conditions de la France d'aujourd'hui.


Pour éviter le naufrage sociale démocrate et  mettre en ordre de marche un parti révolutionnaire ouvert, accueillant et efficace il faudra, plus que jamais,  "Que les bouches s’ouvrent" (*) . A nous d'y veiller.

 

Enver
 


(*) Titre d’un article du secrétaire général du Parti ,  Maurice Thorez, paru dans l’Humanité en 1931. Dans cet article Maurice Thorez en appelait aux militants pour sortir le Parti des graves difficultés dans lesquelles il était plongé. Jusqu’à Robert Hue cet article fut  régulièrement soumis à la réflexion des militants dans les moments difficiles.  

 

Tag(s) : #TRIBUNE LIBRE
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